Le secrétaire américain à la Guerre, Pete Hegseth, lors d’une réunion à la Maison-Blanche, à Washington, aux Etats-Unis, le 9 octobre 2025. CNP/NEWSCOM/SIPA
L’armée américaine a-t-elle abattu des survivants après une frappe mortelle contre des narcotrafiquants en mer des Caraïbes ? Le président des Etats-Unis Donald Trump va se pencher sur cette question, après des informations de presse à propos d’une double frappe mortelle contre une embarcation en mer des Caraïbes, début septembre, tout en affirmant croire la version donnée par le chef du Pentagone.
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L’armée américaine a conduit depuis septembre une série de frappes contre des embarcations en mer des Caraïbes en particulier, au nom de la lutte contre le trafic des stupéfiants.
Le ministère américain de la Justice affirme que ces opérations sont légales, mais le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Volker Türk, a dit relever de « solides indices » d’exécutions « extrajudiciaires ».
• Une double frappe pour tuer des survivants
Le « Washington Post » et CNN ont révélé vendredi que l’armée américaine, après une première frappe le 2 septembre contre une embarcation transportant, selon elle, des stupéfiants, avait procédé à une seconde frappe pour éliminer deux survivants qui s’accrochaient au bateau en flammes. « L’ordre était de tuer tout le monde », a indiqué l’une des sources du « Washington Post ». Des responsables du Pentagone ont indiqué aux parlementaires, lors de réunions d’information ultérieures, que cette seconde frappe visait à couler le bateau afin qu’il ne représente plus une menace pour la navigation, ont précisé des sources à CNN.
Cette double frappe pourrait être illégale – la Maison-Blanche a estimé qu’elle était initialement légale. « Si l’on part du principe qu’il s’agit de combattants, c’est également illégal. En vertu du droit des conflits armés, si une personne est hors de combat [en raison d’une blessure ou d’une reddition] et n’est plus en mesure de se battre, elle doit être traitée avec humanité », a déclaré à CNN Sarah Harrison, ancienne conseillère juridique adjointe du Pentagone et aujourd’hui analyste principale au sein du groupe de réflexion Crisis Group.
Le mystère demeure sur les raisons de cette double frappe, alors que deux rescapés avaient été secourus et rapatriés dans leur pays d’origine en octobre. Une interrogation existe aussi sur le degré d’implication de Pete Hegseth, le secrétaire à la Guerre – nouveau nom choisi par Trump pour le secrétariat à la Défense. S’il a ordonné à l’armée de s’assurer que la frappe tue toutes les personnes à bord, une source à CNN dit ignorer s’il savait qu’il y avait des survivants avant la seconde frappe.
• Pete Hegseth dénonce des « fausses informations »
Dans la foulée des révélations de presse, Pete Hegseth a dénoncé de « fausses informations » qui viseraient, selon lui, à « discréditer nos courageux soldats qui se battent pour protéger la patrie ». « Nos opérations actuelles dans les Caraïbes sont légales au regard du droit américain et international, toutes nos actions étant conformes au droit des conflits armés et approuvées par les meilleurs juristes militaires et civils, à tous les niveaux de la hiérarchie militaire », a-t-il écrit sur ses réseaux sociaux. Et d’ajouter : « Chaque trafiquant que nous abattons est affilié à une organisation terroriste désignée. »
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« Nous commençons à peine à éliminer les narcoterroristes », a-t-il écrit dans un second message, quelques minutes après. Comme une provocation. Dans la même ligne, le secrétaire à la Guerre a aussi publié ce lundi matin une fausse illustration d’un livre pour enfants de la célèbre tortue Franklin intitulé « Franklin cible les narcoterroristes » : « Pour votre liste de Noël… », glisse-t-il.
• Trump ne « sait rien »… mais « croit » Hegseth
Dimanche, Donald Trump a été interrogé sur cette double frappe. « Nous allons regarder », a dit le président américain lors de cet échange avec la presse à bord de son avion. « Je ne sais rien de ça. Il [le ministre de la Défense Pete Hegseth] dit qu’il n’a pas dit ça et je le crois », a-t-il ajouté, se retranchant derrière les dénégations du chef du Pentagone.
« Non, je n’aurais pas voulu ça », a encore assuré Donald Trump. Et d’insister à nouveau : « Pete dit que ce n’est pas arrivé. »

