Volodymyr Zelensky et Emmanuel Macron à Velizy-Villacoublay, le 17 novembre 2025. ELIOT BLODET-POOL/SIPA
Volodymyr Zelensky signé ce lundi 17 novembre avec Emmanuel Macron à Paris une « déclaration d’intention » qu’il a qualifiée d’« historique » en vue de l’achat futur de cent avions de combat français Rafale, dont l’Ukraine entend se doter pour la première fois, et de systèmes de défense aérienne.
• « Un accord historique »
Cet accord « s’inscrit dans un autre espace de temps » par rapport aux cessions d’armement décidées jusqu’ici par les alliés occidentaux de Kiev pour aider les forces ukrainiennes à repousser l’invasion russe lancée en février 2022, a expliqué le président français devant la presse à l’Elysée. Il s’agit du temps « de la régénération de l’armée ukrainienne dans l’avenir », afin qu’elle soit « en capacité de dissuader toute nouvelle incursion » une fois la paix ou un cessez-le-feu conclu, a-t-il ajouté.
« C’est un accord historique et nous apprécions beaucoup le soutien de la France », a dit à ses côtés Volodymyr Zelensky.
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• Un possible contrat pour quelque « 100 Rafale »
Auparavant, sur la base aérienne 107 de Villacoublay, au sud-ouest de Paris, des industriels avaient présenté les fleurons de l’armement tricolore au dirigeant du pays en guerre, et les deux présidents avaient signé cette « déclaration d’intention qui porte sur la coopération relative à l’acquisition par l’Ukraine d’équipements de défense français » neufs.
Selon Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky, l’accord se projette sur un horizon d’une dizaine d’années et porte sur de possibles contrats à venir pour l’acquisition de quelque « 100 Rafale », avec leurs armements associés, ainsi que huit systèmes de défense aérienne SAMP-T nouvelle génération, en cours de développement.
Le président ukrainien avait déjà signé le mois dernier une lettre d’intention en vue d’acquérir 100 à 150 avions de chasse suédois Gripen.
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• Systèmes de radar et bombes propulsées
Cette déclaration d’intention concerne aussi quatre systèmes de radar, « de nouvelles acquisitions de bombes propulsées (AASM Hammer) », et des drones d’observation, d’attaque ou d’interception, a précisé la présidence française.
S’agissant des drones et des bombes guidées, Emmanuel Macron a évoqué « des engagements de production d’ici à la fin de l’année et sur les trois années qui viennent ». Sur les Rafale, les délais s’annoncent plus longs, en raison des temps de négociation des contrats, de production et de formation des pilotes.
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• La piste de l’« endettement commun » évoquée pour une partie du financement
S’agissant du financement, il reste à clarifier mais la France compte avoir recours à la fois à sa propre contribution budgétaire et aux mécanismes européens. Le président français a d’ailleurs relancé la piste de « l’endettement commun » pour que l’Union européenne puisse « continuer d’apporter à l’Ukraine un soutien financier prévisible et stable à long terme » – malgré la résistance allemande.
• « Tout est prêt pour la paix. La Russie seule s’y refuse »
Cette neuvième visite du dirigeant ukrainien en France depuis le début de la guerre intervient alors que la situation sur le front est compliquée pour son pays, à l’orée de l’hiver. L’armée russe, plus fournie et mieux équipée, poursuit depuis des mois ses attaques sur le front et gagne lentement du terrain dans certains secteurs, en dépit de lourdes pertes. Dans la nuit de dimanche à lundi, des frappes russes ont tué au moins trois personnes dans la région de Kharkiv, dans l’est de l’Ukraine, selon les autorités locales.
« Tout est prêt pour la paix. La Russie seule s’y refuse », a déclaré Emmanuel Macron, condamnant « l’intensification des frappes contre les infrastructures énergétiques », « preuve supplémentaire de cette agressivité et de ce cynisme ».
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Emmanuel Macron et Volodymyr Zelenskye sont aussi rendus au mont Valérien, à l’ouest de Paris, visiter l’état-major de la « force multinationale Ukraine » que Paris et Londres préparent pour qu’elle puisse être déployée dans le cadre d’un éventuel accord de cessez-le-feu et des « garanties de sécurité » à fournir à Kiev. Mis en place par la « coalition de volontaires », à laquelle participent, selon l’Elysée, 35 pays en incluant l’Ukraine, cet état-major « fonctionne » et est « dès à présent » capable « de déployer une force dès le lendemain d’un cessez-le-feu », assure-t-on côté français

