La Coordination rurale demande à la ministre des données récentes sur les suicides d’agriculteurs ainsi qu’un programme pour alléger les pressions administratives.
La Coordination rurale (CR), via ses sections de Gironde, du Lot-et-Garonne et de Nouvelle-Aquitaine, tire à nouveau le signal d’alarme concernant le suicide des agriculteurs. Dans une lettre ouverte adressée à leur ministre, Annie Genevard, elles demandent “une étude et des chiffres actualisés sur la question du suicide agricole”.
Le syndicat regrette que les seules données disponibles sur le suicide agricole remontent à 2016 (il y a sept ans), “et qu’aucun autre bilan n’ait été diligenté”. Dernièrement dans nos colonnes, Olivier Damaisin, coordinateur national du Plan Prévention Mal-être en Agriculture, avait considéré lui aussi que ces chiffres étaient trop anciens et souligné les causes multifactorielles poussant aux suicides. Selon le syndicat, M. Damaisin avait toutefois minimisé le rôle de la cause économique.
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La CR réclame également à la ministre “la mise en place d’un programme factuel visant à neutraliser toute forme de harcèlement des services de recouvrement et à alléger les charges administratives qui pèsent sur les agriculteurs”.
“Sous couvert de procédures administratives informatisées et automatisées, l’humain n’a plus sa place”
Il y a un peu plus d’un mois, Jonathan Mayer, un viticulteur girondin de 37 ans, mettait fin à ses jours. “Il avait pourtant porté plainte en gendarmerie concernant l’épuisement qu’il ressentait face aux pressions, et aux harcèlements de la part de l’administration”, assure la CR.
Le syndicat dit constater que ses adhérents sont de plus en plus nombreux à rencontrer des difficultés économiques, “et de plus en plus nombreux à faire état de souffrances liées au harcèlement de leur banque, de leurs fournisseurs et de la Mutualité Sociale Agricole”.
“Sous couvert de procédures administratives informatisées et automatisées, l’humain n’a plus sa place. Les courriers s’enchaînent, s’empilent, les comptes bancaires sont saisis, voire bloqués sans qu’aucun contact humain n’ait été opéré. Certains se retrouvent sans même pouvoir faire des courses pour manger, un comble pour ceux qui nous nourrissent ! Voilà la réalité du terrain !”
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