Avec le mois de novembre débute la pleine saison de la chasse aux sangliers. Dans le Lot, les chasseurs se désespèrent de parvenir à réguler la prolifération de l’animal, même si quelques signes sont encourageants, comme la diminution des dégâts dans les cultures.
Dans le Lot, les sangliers sont à l’origine d’importants dégâts sur les cultures. “C’est une ardoise qui se chiffre à plus de 900 000 € à payer par la Fédération de chasse aux agriculteurs lotois, pour la saison 2024/2025, dont 620 000 € versés directement à la profession. Le reste comprend l’agent détaché quasiment à temps plein sur les dégâts des gros gibiers, les estimations, les mesures de prévention mises en place sur le terrain, etc. Une aide exceptionnelle pour ces trois années a été attribuée par l’État.”
Michel Bouscary, président de la Fédération départementale de chasse du Lot, évalue en effet à 85 % les dégâts imputables aux sangliers. Les chevreuils sont responsables des préjudices à hauteur de 10 % et les cerfs de 5 %. Avant le Covid, il se tirait en moyenne 4 000 sangliers par saison. Mais les deux dernières campagnes, les chiffres ont explosé jusqu’à atteindre un record.

Plus de 21 000 sangliers sur deux saisons de chasse
“2024/2025, ce sont 11 500 sangliers prélevés dans le Lot ; et 2023/2024, ce sont 10 300 sangliers pris. Cette année-là, on a été le département français à connaître la plus forte hausse.” Une situation inédite dont les chasseurs lotois se seraient bien passés. L’explication, ils la connaissent : “Pendant la période du Covid, nous avons moins chassé, les sangliers ont pu proliférer. Dans le même temps, l’animal a connu une météo favorable, propice aux glands et aux châtaignes dont il se nourrit, et à sa reproduction. La déprise agricole permet aussi le développement des fourrés et du maquis où il se cache tranquillement.” Car, le sanglier ne connaît aucun prédateur, donc seuls les chasseurs peuvent maintenir une régulation de l’espèce. “Avec le réchauffement climatique, le froid et l’humidité ne sont plus au rendez-vous, tout ce qui naît survit désormais”, constate Michel Bouscary.
Pour ralentir cette folle progression, la Fédération de chasse a sollicité davantage ses adhérents, en leur demandant d’être plus présents sur le terrain. Car, contrairement à d’autres animaux sauvages, le sanglier peut être chassé quasiment tous les jours de l’année et il n’y a pas de quota. “La saison va du 1er juin au 31 mars. Mais, du 1er avril au 31 mai, un arrêté préfectoral nous autorise à faire de la régulation. On est passé d’un plaisir de chasser à un devoir, on nous autorise à prélever tous ceux que nous croisons, sans limite.”
Chaque année dans le Lot, 200 chasseurs raccrochent le fusil
Malgré ces dispositions, les chasseurs ont du mal à ralentir la prolifération des bêtes. “On espère voir enfin une baisse sur cette saison de chasse, mais rien n’est certain. Car le cœur de la saison de chasse dans le Lot, c’est véritablement de novembre à février. Il est encore tôt pour dire si la régulation a porté ses fruits.” Cependant, quelques indicateurs sont encourageants. Non seulement, les premiers retours du terrain montrent une diminution du nombre de prélèvements, mais les dossiers de dégâts déposés par les agriculteurs lotois sont en nette diminution. L’an passé, on en a eu 612. Là, alors que les moissons du maïs et des autres céréales sont faites, que les vendanges sont terminées, on n’a reçu que 215 demandes. On s’attend d’ici à fin juin à 150 dossiers de plus. On pourrait être à moitié moins de dégâts, signe que l’animal est moins présent.
Face à la mauvaise image de la pratique, Michel Bouscary réagit : “La chasse n’a pas le vent en poupe, mais les gens se rendent-ils bien compte. En France, c’est un million de sangliers chassés la saison dernière. Sans notre action sur le grand gibier, ce serait impossible de circuler sur les routes de campagne. Dans le Lot, ce sont aussi 9 239 chevreuils et près de 400 grands cervidés prélevés.”
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Quand les animaux sauvages pullulent, les chasseurs eux sont de moins en moins nombreux. “On perd 200 adhérents par an dans le Lot. On finira la saison aux alentours de 5 800 chasseurs. La problématique majeure dans ce contexte, c’est qu’on dénombre plus de personnes de plus de 80 ans que de moins de 30 ans. Il n’y a plus de renouvellement des générations, on a du mal à amener les jeunes vers la pratique. L’an passé, 25 000 chasseurs en France ont raccroché définitivement le fusil. Avant dans toutes les fermes, ils étaient chasseurs, aujourd’hui nos agriculteurs sont débordés ils n’ont même plus le temps”, regrette le président lotois.
Pour ceux qui pratiquent encore cette chasse aux grands gibiers dans le Lot, la Fédération départementale a engagé un vaste plan de formation à la sécurité. “C’est notre priorité. On est en train de reformer tous nos directeurs de battue et présidents de structure, soit un millier de chasseurs. Une piqûre de rappel obligatoire qui va se décliner en 40 séances à travers le département. On a rendu cette participation obligatoire, faute de quoi, ils ne pourront plus organiser les chasses.”

