November 11, 2025

DECRYPTAGE. Boom des échecs : plus de 80 000 licenciés, influenceurs, sport de haut niveau… comment expliquer le succès du "roi des jeux" ?

l’essentiel
La pratique des échecs connaît ces dernières années un succès ahurissant. Les clubs français enregistrent un bond spectaculaire d’inscriptions depuis la pandémie de Covid-19. Éloi Relange, président de la Fédération française d’échecs, se livre sur ce phénomène.

Quelques parties discrètes au fond des cafés et des joueurs bien souvent cachés dans les salles mal éclairées des clubs associatifs… Il y a quelques dizaines d’années tout juste, les échecs avaient tout d’une “passion inavouée”. La pratique était surtout une affaire d’initiés, de “geeks” comme les appelle Julien Song, l’un des ambassadeurs les plus influents de la discipline. “Ni tendance, ni populaire”, complète le maître… Et voilà désormais le “roi des jeux” qui reprend sa place sur son trône : en France – plus qu’ailleurs – la pratique des échecs connaît un véritable boom.

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Le phénomène est avant tout observé dans les 900 clubs qui jalonnent le territoire français : “Nous sommes passés de 50 000 à plus de 81 000 licenciés en l’espace de quatre ans”, se félicite Éloi Relange, le président de la Fédération Française d’Échecs, qui salue un succès “bien français”.

“Il faut être clair : cette dynamique, on l’observe surtout en France, reprend le président. Nous sommes un vrai pays d’échecs”. Il faut dire que la discipline a fait l’objet d’avancées majeures ces dernières années : en 2022, la discipline a intégré le Comité national olympique et l’année dernière, la FFE a obtenu du Ministère des Sports la reconnaissance du haut niveau pour la première fois de son histoire. De quoi faire briller la France sur la scène internationale ces dernières années : l’Hexagone a ses champions et ses grands noms, à l’image d’Alireza Firouzja, de Maxime Vachier-Lagrave ou encore du jeune Marc’Andria Maurizzi. Voilà pour l’excellence.

L’essor des plateformes en ligne

Mais la discipline s’est aussi fait une place de choix… dans les salles de classe. Le dispositif Class’Échecs lancé en 2021 permet chaque année d’initier 250 000 enfants à la pratique sur le temps scolaire : “C’est un jeu au service de l’éducation traditionnelle, plaide Éloi Relange, indiquant par ailleurs que 5 000 à 6 000 écoles françaises sont impliquées dans le dispositif. Les enseignants constatent que les échecs permettent d’améliorer l’ambiance en classe, de développer la camaraderie… Ça permet aussi de travailler les mathématiques de façon ludique”. Le résultat est là : côté échecs, 80 % des nouveaux adeptes sont des enfants ou des adolescents. Tous viennent – quelque part – dépoussiérer une discipline vieille de 1 500 ans.

Il a donc fallu s’adresser à ces jeunes curieux : influenceurs et autres youtubeurs se sont engouffrés dans la brèche. Lors de la pandémie de Covid-19, les créateurs de contenus se sont mis à proposer des contenus ludiques et adaptés à tous les niveaux, dans de courts formats vidéo diffusés sur les réseaux sociaux. Julien Song, Kévin Bordi, Anna Cramling… Tous ont surfé sur la vague des plateformes en ligne : Lichess, Chess.com… autant d’outils qui ont permis de populariser le jeu lors du confinement, offrant ainsi la possibilité de “mater” un inconnu qui se trouve parfois à l’autre bout de la planète.

Dans la triste période du confinement, le succès fut total : “Chess.com” comptait ainsi 100 millions d’inscrits en décembre 2022. En l’espace d’à peine trois ans, ce chiffre a doublé. Là encore, le succès est bien français puisqu’en un an, le nombre de joueurs francophones sur la plateforme en ligne a bondi de 143 %, passant ainsi à 1,8 million de joueurs.

Un phénomène grandissant qui pousse le président de la fédération à se projeter : “À l’avenir, les échecs pourraient bien s’inviter dans les stades, espère Éloi Relange. Je pense que d’ici deux ans, sera organisée la première grande compétition mondiale pensée comme un spectacle.”

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