Alors que des images d’insultes racistes et de saluts nazis venant de supporters lillois circulent sur les réseaux sociaux depuis la rencontre face à Strasbourg (0-2) ce dimanche, le LOSC a publié un communiqué dénonçant ces comportements ce lundi 10 novembre. Un supporter témoigne de comportements de ce type répétés ces dernières années et ignorés par la plupart des fans et la sécurité du club.
Le LOSC publie ce lundi 10 novembre un communiqué pour “condamner avec la plus grande fermeté les comportements intolérables observés, ainsi que les propos haineux et insultes racistes”. Cette désolidarisation du club vis-à-vis de ses supporters intervient après que les réseaux se sont enflammés pour dénoncer des faits intervenus “à l’occasion des déplacements à Belgrade et à Strasbourg”.
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Tout s’envenime ce dimanche 9 novembre après la défaite à Strasbourg (2-0). Une bagarre a éclaté entre supporters lillois et, surtout, une vidéo commence à circuler où on entend distinctement au moins un supporter insulter des Strasbourgeois de “sales bougnoules” à plusieurs reprises. La vidéo, notamment reprise par le député Raphaël Arnault, prend de l’ampleur et la communauté des supporters lillois se déchire en public comme en privé, comme nous le révèle un membre actif qui témoigne anonymement pour La Dépêche du Midi.
Ceux qui dénoncent ces agissements se retrouvent menacés. La polémique est telle que de nouveaux faits intervenus lors du déplacement du jeudi à Belgrade pour une rencontre de Ligue Europa sont révélés. Un homme identifié comme fraco-serbe aurait exécuté à de nombreuses reprises des saluts de Kühnen, un geste qui est un symbole nazi, mais qui n’aurait pas la même connotation en Serbie où il représente la Trinité (le Père, le fils, le Saint-Esprit). Une photo appuyant ces allégations est diffusée sur X. Selon notre témoin, l’individu aurait volontairement joué sur l’ambiguïté et aurait déclaré : “Si vous ne chantez pas, je vais chanter à la gloire du Reich (l’Allemagne nazie, NDLR) !”
Des comportements problématiques réguliers
Un autre témoignage publié sur X dénonce les mêmes faits, photo à l’appui. Le club a annoncé lancer “une procédure d’identification des individus mis en cause en vue du dépôt de plusieurs plaintes auprès des autorités policières”. Une réaction dont notre témoin se montre satisfait, même s’il reste mesuré car il considère que “bien qu’ils aient réagi, il faut voir ce qu’il y aura derrière car ce sont des faits qu’on dénonce depuis longtemps”. Il considère que le club “ne pouvait pas ne pas être au courant” en amont de la polémique car des membres de la sécurité du LOSC sont présents lors des déplacements. Ces salariés du club sont “liés de près ou de loin aux DVE (Dogues Virage Est, un des principaux groupes de supporters qui compte plus de 2 000 adhérents, NDLR), ils discutent avec les membres du noyau”. Il craint donc une réaction de façade pour calmer la polémique.
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Surtout, il dénonce une idéologie qui serait solidement ancrée et ce, de longue date. Il nous révèle d’autres faits. “À Belgrade, dans le bus”, des supporters (que le témoin pense appartenir à la LOSC Army, un ancien groupe de hooligans dans les années 2000) auraient également entonné “notre capitale n’est pas Paris, notre capitale restera Vichy (capitale de la France occupée sous le Maréchal Pétain, NDLR)”.
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Déjà en déplacement à Montpellier il y a deux ans, il assure qu’un fan aurait insulté Tanguy Coulibaly de “singe”, à Marseille des passeports auraient été exhibés comme pour sous-entendre que les supporters de l’OM, connus pour leurs origines cosmopolites, seraient moins français, à Liverpool, il entend des chants à la gloire de Jean-Marie Le Pen, à Rome, il croise un ultra qui a le symbole du GUD (Groupe Union Défense, un groupe d’extrême-droite violent et très actif dans les années 70, dissous en 2024) en fond d’écran et qui porte un toast à la gloire du groupe d’extrême-droite.
Une tolérance aux propos racistes chez les DVE ?
La personne qui a accepté de témoigner précise qu’elle est habituée des déplacements, mais n’est que peu présente à domicile. Néanmoins, dès lors qu’il s’est rendu à Pierre-Mauroy, il estime ne pas avoir assisté aux mêmes scènes. Selon lui, il est possible que certains hooligans interdits de stade à Lille, viennent en déplacement, ce qui pourrait être le cas du franco-serbe mis en cause à Belgrade. Le nombre plus restreint des supporters qui se déplacent pouvant aussi créer un sentiment de confiance chez les mis en cause.
Il estime qu’une partie des Dogues Virage Est, qui représente une partie importante des ultras du LOSC, ne sont pas sans lien avec ces agissements. “Les DVE, c’est un groupe d’extême-droite, même s’ils se disent apolitiques, les membres du noyau du groupe sont abonnés à des comptes du Rassemblement national et autres personnalités identifiées à l’extrême-droite”. Il considère également qu’une certaine tolérance vis-à-vis de leurs propos et actes s’est installée. “On sent que les capos (ceux qui dirigent les chants des tribunes supporters, NDLR) se désolidarisent un peu d’eux, mais ils laissent clairement faire”.
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Le LOSC s’est montré ferme dans sa réaction, après avoir déjà mis en place en 2023 une “plateforme de signalement”. Le club a réaffirmé son désaccord complet avec les propos et gestes dénoncés. “Le Club prononcera dans les prochains jours des interdictions commerciales de stade à effet immédiat à l’encontre des individus identifiés, conformément aux dispositions prévues par la loi Larrivé”, a-t-il annoncé en plus des “poursuites judiciaires” déjà évoquées. Reste à savoir si ces mesures seront suffisamment efficaces pour faire disparaître des tribunes lilloises l’entièreté des individus aux comportements problématiques.