November 2, 2025

Foie gras dans le Gers : la reprise des marchés au gras se confirme, malgré la hausse des coûts de vaccination

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Après des années marquées par l’influenza aviaire (qui menace cet automne) et une baisse des aides publiques, les éleveurs gersois voient enfin une lueur d’espoir, dans un marché où les volumes sont à l’équilibre et les consommateurs bien présents.

Les marchés au gras ont repris dans le Gers, notamment à Gimont ce dimanche, dans un contexte marqué par une reprise progressive des volumes de production et une demande soutenue. Après des années perturbées par l’influenza aviaire, la filière semble retrouver un certain équilibre.

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Sous la halle de Gimont, les consommateurs comme les vendeurs ont pu constater que le marché s’équilibre. “Il y avait autant de demande que d’offre”, constate une Gimontoise, qui connaît bien ces rendez-vous dominicaux. On a relevé 75 foies et 156 carcasses en vente. “Non seulement le marché a vu passer beaucoup de monde, mais les apports étaient tout à fait corrects, ce qui n’est pas toujours le cas”, ajoute-t-elle.

À Gimont dimanche dernier, un marché au gras qui reflétait un équilibre entre offre et demande.
À Gimont dimanche dernier, un marché au gras qui reflétait un équilibre entre offre et demande.
Ville de Gimont – Julie Marty

Une dynamique qui n’a échappé ni aux découpeurs ni aux élus locaux. Benjamin Constant, de l’association de promotion du foie gras et de l’aviculture, souligne que les volumes, d’une manière générale, sont “corrects” et que la filière a su s’adapter pour répondre à la demande. Pourtant, cette reprise reste fragile, notamment en raison des incertitudes politiques et économiques qui pèsent sur le secteur.

Le coût croissant de la vaccination

L’un des défis majeurs pour les éleveurs gersois est la baisse de la participation de l’État au financement de la vaccination contre l’influenza aviaire. Alors que l’État finançait jusqu’à 70 % des coûts l’an dernier, cette contribution est tombée à 40 % pour la période 2025-2026. Benjamin Constant alerte : “Nous passons d’un financement de 30 % à 60 % pour les éleveurs. C’est un doublement des coûts.”

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Les producteurs plus modestes, eux, sont moins sensibles à cette hausse. “Moi, les canards, quand je les achète, ils sont déjà vaccinés, observe Julien Roucau, à la Ferme d’Aurios. Ça ne m’inquiète pas du tout : cela ne représente que quelques centimes par canard.” La donne n’est pas la même pour les coopératives, qui produisent et vaccinent des milliers de canards. D’autant que la grande distribution, qui joue un rôle clé dans la commercialisation du foie gras des coopératives, affiche une attitude parfois perçue comme contradictoire.

Benjamin Constant explique que “les distributeurs, face à des incertitudes politiques, pourraient réduire leurs commandes pour éviter les risques de surstock”. Cette pression sur les volumes et les prix pourrait fragiliser une filière qui a pourtant investi pour répondre à la demande. “Nous espérons que la grande distribution remplira ses rayons pour éviter les ruptures de stock. Le foie gras reste un produit festif, porteur de valeur ajoutée pour tous.”

Les marchés locaux : un débouché essentiel

Face à ces défis, les marchés locaux, comme ceux de Gimont, Samatan ou Eauze, restent un débouché crucial pour les producteurs. Jean-Jacques Gouzenne, éleveur à Barran, confirme que le foie gras se vend toujours bien, mais que la viande de canard peine à trouver preneur. “Sur 10 clients d’il y a 20 ans, il en reste 2 ou 3. Les nouvelles générations veulent du tout prêt”, observe-t-il. Pourtant, les prix restent attractifs : “Le foie gras se vendait 40 €/kg dimanche, et les carcasses à 25 €/kg.”

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Pour les consommateurs, les marchés locaux restent une solution idéale : des produits de qualité, à des prix maîtrisés, tout en soutenant l’économie gersoise. “Et il faut en profiter, ajoute l’éleveur : il y a de moins en moins de vendeurs chaque année, aux marchés au gras…”

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