Des Palestiniens dans les décombres de Khan Younès, le 25 octobre 2025. BASHAR TALEB / AFP
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a ordonné ce mardi 28 octobre à l’armée de mener des frappes immédiates sur la bande de Gaza, après avoir accusé le Hamas de violation de l’accord de cessez-le-feu.
Après une réunion, « le Premier ministre a ordonné à l’armée de mener immédiatement des frappes puissantes dans la bande de Gaza », a indiqué un communiqué succinct de son bureau sans autre précision.
Cette annonce est intervenue après qu’Israël a accusé le Hamas de violer l’accord de cessez-le-feu, le mouvement islamiste palestinien Hamas ayant restitué des restes d’un otage dont une partie de la dépouille avait déjà été déjà récupérée par l’armée, provoquant le courroux des proches d’otages et des autorités.
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Dans la foulée, la branche armée du mouvement islamiste a annoncé reporter la remise d’une dépouille qui était prévue selon elle à 19 heures (heure de Paris). « Aujourd’hui, les Brigades Al-Qassam ont trouvé le corps de l’un des prisonniers de l’occupation lors d’opérations de recherche dans l’un des tunnels situés dans le sud de la bande de Gaza », dit le groupe armé dans un communiqué. « Nous reporterons la remise prévue aujourd’hui en raison des violations de l’occupation [Israël, NDLR]», ajoute le groupe, qui dit encore que « toute escalade sioniste entravera les recherches, les fouilles et la récupération des corps ».
15 corps restitués sur 28
En vertu de la première phase de l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre, le Hamas a libéré au 13 octobre l’ensemble des 20 otages vivants qu’il retenait à Gaza depuis son attaque sans précédent contre Israël le 7 octobre 2023.
Il devait aussi rendre à cette date les 28 corps des captifs qu’il retient, mais il n’en a restitué que 15 jusque-là, arguant de difficultés pour trouver les dépouilles dans le territoire ravagé par l’offensive israélienne en riposte à l’attaque du 7-Octobre.
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Lundi soir, l’armée israélienne a annoncé que la Croix-Rouge avait reçu un cercueil contenant la dépouille d’un otage, après l’annonce par le Hamas de la restitution d’un nouveau corps de captif. Mais après les examens d’identification, les autorités israéliennes ont annoncé mardi que les restes humains rendus étaient en fait ceux de l’otage d’Ofir Tzarfati dont une partie des restes avait été ramenée de Gaza il y a environ deux ans par l’armée. « Il s’agit d’une violation flagrante » de l’accord de trêve, négocié sous l’égide du président américain Donald Trump, a dénoncé le bureau de Benyamin Netanyahou, annonçant une réunion de sécurité.
Retrouver les corps est « complexe et difficile » selon le Hamas
« En termes de conséquences pour le Hamas, rien n’est exclu pour le moment, avait indiqué Shosh Bedrosian, la porte-parole du gouvernement. Mais tout cela se fait en pleine coordination avec les Etats-Unis, avec le président Trump et son équipe. »
Le Forum des Familles, principale association israélienne militant pour le retour des otages, a appelé le gouvernement Netanyahou à « agir de manière décisive » contre le Hamas pour ses « violations » de l’accord de trêve. Selon le Forum, une partie des restes d’Ofir Tzarfati avait d’abord été rapatriée fin 2023, puis « en mars 2024 ».
Pour le ministre d’extrême droite Itamar Ben Gvir, en charge de la Sécurité intérieure, le fait que « le Hamas continue de jouer et ne transfère pas immédiatement toutes les dépouilles » prouve qu’il est « encore debout ». « Il est temps de lui briser ses jambes une bonne fois pour toutes. »
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Le Hamas affirme vouloir remettre tous les corps des captifs mais répète que dans un territoire ravagé par deux ans de bombardements, les retrouver était « complexe et difficile ».
Alliés d’Israël, les Etats-Unis ont maintes fois menacé le Hamas de l’anéantir s’il ne tenait pas ses engagements à rendre tous les otages. La trêve a déjà été mise à l’épreuve par des violences meurtrières le 19 octobre à Gaza, les plus importantes depuis le 10 octobre. A Jabalia dans le nord de la bande de Gaza, un habitant dit « avoir très peur que la guerre reprenne ». « La question des (otages) doit être réglée […] afin qu’Israël ne s’en serve pas comme excuse pour reprendre la guerre », a dit Abdelhay al-Hajj Ahmed, 60 ans.
Une phase ultérieure du plan Trump comprend également le désarmement du Hamas, l’amnistie ou l’exil de ses combattants ainsi que la poursuite du retrait israélien dans la bande de Gaza.

