Pourquoi Cédric Jubillar n’a pas consulté de sites pornographiques le soir de la disparition ?
La présidente Hélène Ratinaud rappelle que l’accusé a consulté des sites pornographiques tous les soirs depuis le 8 décembre, mais pas le 15, puis il reprendre le 16. “Ce soir, j’étais extrêmement exténué, je n’en avais pas envie. Le travail m’avait claqué”. Pourtant, le 16 décembre, il devait aussi être fatigué au vu du réveil à 4 heurs du matin et une journée éprouvante. “C’était, une journée, dense mais pas fatigante”, dit-il sobrement.
Promenade des chiens, pyjama de Delphine… Cédric Jubillar se contredit
Ce 15 décembre au soir, Delphine Jubillar écrit à son amant. “Elle était tout le temps sur son téléphone donc oui”, commente l’accusé. Selon la présidente, entre 20h48 et 21h33, la disparue n’utilise pas son smartphone. À la question de savoir ce qu’elle faisait, Cédric Jubillar commence à perdre à nouveau la mémoire : “Je ne sais pas”. Delphine s’est-elle douchée ? “Je ne sais plus”. La réponse a donc changé… Pendant l’enquête, le plaquiste avait dit que Delphine s’était douchée.
Sur la promenade des chiens, pourquoi Cédric Jubillar a-t-il fait une sortie de 45 minutes, le 15 décembre au soir ? Lors de ses premières auditions, il n’avait pas parlé de cette promenade, mais seulement d’un instant “café clope” avec une marche jusqu’au champ en face. Un temps bien moins long que raconté aujourd’hui. “Pourquoi n’avez-vous pas dit que vous aviez fait une promenade de 30 à 40 minutes ?” “Je ne sais pas, je ne me rendais pas compte”. Pourquoi ne pas avoir parlé de cette promenade avec les chiens dès les premières auditions ? “Je ne sais pas. Ça ne m’est pas venu à l’esprit de le dire avant”. Si lui a sorti les chiens, quel est l’intérêt pour Delphine de les ressortir ? “Parce qu’elle va les promener beaucoup plus tard”, justifie-t-il avant de dire qu’il n’a aucune idée du temps que cela a pris.
Hélène Ratinaud demande à Cédric sa tenue pour dormir. “En général, je me couche en pyjama, mais je dors tout nu”. Légers rires dans la salle… Et la tenue de nuit de Delphine ? Lors de précédentes auditions, Cédric Jubillar avait dit que sa femme devait être en pyjama. Ce 13 octobre, “je ne me rappelle pas”, lâche-t-il.
La soirée du 15 décembre, selon Cédric Jubillar
La présidente Hélène Ratinaud demande à Cédric Jubillar de raconter sa soirée du 15 décembre 2020. “Delphine était sur son téléphone devant la télévision, sur le canapé”, dit-il. “J’ai joué avec les petits jusqu’à 19h45 et après, j’ai préparé le repas pendant que Delphine donnait le bain aux enfants”. “J’ai fait des coquillettes et des cordons-bleus à la demande de Louis”, détaille-t-il. “J’ai ensuite débarrassé la table, puis je suis allé promener les chiens pendant que Delphine couchait Elyah vers 21h”, continue l’accusé, “J’ai demandé à Delphine si elle pouvait aller promener les chiens une fois de plus avant d’aller se coucher et moi, je me suis allé me coucher”.
“Pourquoi êtes-vous sortis ?” “Pour promener les chiens et fumer mon joint”, répond-il sans sourciller. Cédric Jubillar confirme avoir croisé une voisine. “Puis, je rentre, je me douche et je demande un câlin à Delphine et Louis. Puis, je dors”. Son téléphone passe en mode économie d’énergie à 200 mètres de chez lui avant de rentrer. Il affirme alors l’avoir passé en mode avion et l’avoir mis en charge toute la nuit dans la chambre. Pourtant, l’enquête a démontré qu’à 22h08, le téléphone s’est éteint et est hors réseau.
Cédric Jubillar répond vite et directement. L’accusé a semble-t-il de repris du poil de la bête et parle plus facilement. Il coupe même la présidente. “Attendez que je finisse avant de répondre, ce sera plus pratique”. Ses réponses sont bien plus précises et moins hésitantes.
L’audience est suspendue… Reprise à 13h30.
“Delphine vous a peut-être pris pour un idiot ?”
Le point des finances est abordé : Cédric Jubillar a tenté de retirer de l’argent ce 15 décembre, vers 17h, rappelle Hélène Ratinaud. Le retrait a été refusé. L’accusé concède que les fins de mois pouvaient être difficiles pour lui et qu’il comptait sur sa femme. Mais concrètement comment faisait-il ? “En ponctionnant les comptes de Delphine et des enfants puis en les remboursant dès qu’il était payé”. Chose qu’il avait déjà reconnue vendredi dernier.
L’avocat général Nicolas Ruff pose une question à propos des échanges par messages entre Cédric et Delphine Jubillar. “Que répond-elle à vos messages lorsque vous espérez encore ?” “Elle ne répond jamais par ‘je t’aime'”, répond l’accusé. “J’ai l’impression qu’elle laisse planer une forme d’ambiguïté pour que vous continuiez les travaux sur la maison”. “Peut-être”, répond le plaquiste qui semble surpris par la remarque. “Elle s’est un peu moquée de vous, elle vous a peut-être pris pour un idiot ?”, demande le magistrat à dessin… “Je ne sais pas”. Cédric Jubillar reste le même et répond toujours de manière vague.
Reprise de l’interrogatoire de Cédric Jubillar
L’interrogatoire de Cédric Jubillar reprend, l’accusé se lève… La présidente Hélène Ratinaud reprend son programme de questions là où il a été arrêté vendredi. Elle interroge le plaquiste sur la journée du 15 décembre. “Je me suis levé aux alentours de 6h du matin, je suis allé prendre mon bus pour aller au travail. Avec mon patron, on s’est rendu au chantier où nous avons posé du parquet flottant toute la journée. Puis, je suis rentré en reprenant le bus”. Son premier joint, “je le fume à 6h45”. Le déroulé montre que Cédric Jubillar fume toutes les heures. “Une pause cigarette est en fait une pause cannabis”.
La présidente fait projeter les photos de vêtements, saisis par les gendarmes, que portait Cédric Jubillar le 15 décembre. Un polo, un jean et une veste en mauvais état sont donc présentés. Les affaires sont partiellement maculées de tâches diverses et variées. “Je pense que ce sont les vêtements que je portais”, affirme-t-il. Cette deuxième partie d’interrogatoire reprend sur les mêmes bases… L’accusé répond avec les mêmes phrases et formules. La réponse “Tout à fait” a déjà été usée 5 ou 6 fois en 20 minutes. Il n’a que très peu de souvenirs précis.
Égal à lui-même, Cédric Jubillar est droit et répond vaguement mais directement. Ses mains sont agrippées à la petite ouverture de la vitre du box des accusés.
“Cédric m’a arraché Delphine”, Donat-Jean, l’amant de Delphine, se constitue partie civile
Me Battikh prend la parole pour lire un courrier que lui a adressé l’amant de Delphine Jubillar, Donat-Jean. “Il a décidé de se porter partie civile”. Le témoin a rappelé la douleur et le préjudice moral subis depuis la disparition de l’infirmière. “Cédric m’a arraché Delphine”, a-t-il écrit.
Le présidente Hélène Ratinaud accepte. Personne ne s’oppose.
“Vous n’avez pas relevé de trait de perversité ?”
Place à la défense avec Me Franck : “Vous n’avez pas relevé de trait de perversité ?” “Ce mot est difficile à entendre… Quand on parle de structure perverse, c’est pour des abuseurs sexuels. J’ai évité de répondre à cette question, car je n’avais pas les éléments”.
Au tour de Me Martin avec une question sur le rapport mère-fils. “Cédric Jubillar en veut à sa mère de ne pas l’avoir protégé, mais un lien d’amour très fort le lie à elle”, explique l’expert avant de préciser, “il a d’ailleurs pu se sentir ‘insécurisé’ par la force de ce lien”.
Cédric Jubillar est-il dans le déni ?
Les questions continuent d’affluer depuis le banc des parties civiles. Me Vallat demande très clairement si Cédric Jubillar est dans le déni… “Je n’en sais rien”, répond directement le psychiatre. Me Chmani enchaîne : “L’accusé peut-il mentir ?” “Vous allez trop loin, je reste sur ce qui est dans mon rapport”.
Son rapport à la femme est abordé par Me Boguet… Cédric Jubillar parlait mal et insultait sa grand-mère, sa mère et sa femme. Que cela peut-il signifier ? “Le fait d’insulter n’est pas incompatible avec le fait d’aimer.
Question pertinente de Me de Caunes, selon le psychiatre… L’avocat toulousain s’interroge sur le “ton enjoué” de Cédric Jubillar lors des entretiens qui pourrait trancher avec son attitude au procès. “Il n’a pas de trouble de l’humeur, mais cette attitude pourrait être liée à des traumatismes de la petite enfance… Une façon de se mettre à distance des choses douloureuses”. “Le remords peut-il faire peur ?” “Je n’irai pas jusque-là”, rétorque Pierre H.
“Colère maîtrisée” et “mécanisme de distanciation”
L’interrogatoire commence pour l’expert… “Présente-t-il des troubles de mémoires ? Parce que lorsque des questions lui sont posées dans ce procès, il perd souvent la mémoire…”, demande d’abord la présidente Hélène Ratinaud. L’expert semble décontenancé par la question et affirme que cela pourrait être une “expression” de ces traumatismes passés.
Me Pauline Rongier prend le relais et questionne Pierre H. à propos d’une “colère maîtrisée” dont pourrait faire preuve Cédric Jubillar. “À l’égard de Delphine aussi, il y avait une colère maîtrisée ?”, s’interroge l’avocate parisienne. “Maîtrisée, je ne sais pas, mais il était en colère vis-à-vis d’elle, il estime avoir été abandonné”. Nouvelle question : “Cédric Jubillar a-t-il déjà dit des choses positives sur Delphine ?” “Oui, quand il a parlé de la première rencontre et des trois premières années”. L’accusé aurait parlé de l’infirmière comme de la “femme de sa vie”. Il l’a déjà répété plusieurs fois lors de ce procès.
Me Battikh rappelle que Cédric Jubillar n’a jamais parlé de Delphine en utilisant son prénom. “Ce peut être un mécanisme de distanciation pour se protéger et ne pas penser”, estime le psychiatre avant d’à nouveau faire référence à son enfance “cabossée”. “L’accusé est clivé”.
“Le manque de sanctions a pu provoquer un sentiment de toute-puissance”
Le psychiatre réaffirme que Cédric Jubillar n’a pas de pathologie mentale, pas de psychose ou d’antécédent psychiatrique particulier. L’accusé a un souci d’identification à la figure paternelle : “L’image masculine n’a pas été rassurante”. Le seul homme qui semble l’avoir réellement aimé, “c’est son grand-père maternel”, qu’il vient alors de perdre lors des entretiens en 2021. “Quand il en parle, il craque, et c’est d’ailleurs le seul moment de vrai relâchement que j’ai constaté”. Car, la majorité du temps, Cédric Jubillar est “très sûr de lui”, “égocentrique”, “parfois arrogant” et a “beaucoup d’aplomb”.
“Cédric Jubillar a une haute opinion de lui-même… Il peut se montrer capable de “manipulation et de dissimulation”. “Le manque de sanctions a pu provoquer un sentiment de toute-puissance”. Le principal intéressé reste impassible dans son box au fur et à mesure du déroulement du rapport. Malgré le fait que des éléments très personnels soient abordés, Cédric Jubillar ne montre aucune émotion à part peut-être un peu d’impatience… Sa jambe bouge frénétiquement dans un piétinement incessant.
L’accusé peut se présenter comme quelqu’un “d’intolérant” lorsqu’il est frustré et était “impulsif” à l’adolescence. Même lors de son passage à l’âge adulte et sa paternité, il est resté “immature” mais est aussi devenu “psychorigide” et “méfiant”.
“Je suis un raté de l’éducation”
“Ma mère était une gamine de 17 ans et mon père biologique, un trou du cul de 20 ans, il n’a pas assumé”, a témoigné Cédric Jubillar au moment de parler de son enfance. Il a toujours appelé sa mère “Nadine”, son père biologique “son géniteur” et son beau-père, “il le considère comme son père”. L’accusé est d’abord plutôt positif sur ce dernier avant de reconnaître qu’il a été très violent avec lui. D’ailleurs, “Cédric en veut à sa mère d’avoir accepté les violences de son beau-père sans rien dire”, selon Pierre H. Même si le plaquiste a assuré que sa mère l’adore.
Sur la suite et son adolescence, Cédric Jubillar a dit : “Je suis un raté de l’éducation”, “les coups ont remplacé les mots”.
“Delphine doit être en Espagne”, aurait déclaré l’accusé
Pendant les entretiens, “Cédric Jubillar n’a jamais appelé Delphine par son prénom”, assure l’expert psychiatre. Concernant les enfants, “ils étaient désirés”. “Elyah a été nommée d’après un personnage de Game of Thrones”. Le plaquiste s’est insurgé sur le fait de ne pas pouvoir communiquer avec eux depuis son incarcération. “C’est toujours moi qui me levais la nuit”, aurait-il confié. “Cédric Jubillar reconnaît qu’il avait tout à perdre dans le divorce qu’avait demandé Delphine”, note Pierre H., “il y avait des disputes et il a pu se montrer peu patient avec ses enfants”.
Les questions sur la sexualité fâchent Cédric Jubillar au fil du temps, selon l’expert. “Au début, il n’avait pas de mal à en parler en décrivant une sexualité ‘satisfaisante'”… “Et à la fin, il m’a dit : ‘Vous êtes qui pour me demander ça ?'”
L’accusé a abordé l’hypothèse du départ volontaire de Delphine Jubillar, “elle doit être en Espagne”, aurait-il supposé. Cédric Jubillar a assuré que sa femme a “délaissé” ses enfants. Par rapport à la séparation, l’accusé aurait déclaré : “J’ai cherché à savoir si Delphine avait quelqu’un, dès mai, juin, j’ai eu des soupçons”. Puis, concernant l’enquête, le plaquiste se présente comme la victime d’une sorte de complot : “Les gendarmes ont maquillé les preuves”.
L’audience a repris avec l’expert psychiatre
Pierre H. s’avance… Le psychiatre est vêtu d’une chemise bleue claire, recouverte par un gilet ouvert. Avec ses lunettes bleu électrique posées sur le nez, l’expert commence à lire son rapport. “Nous avons eu deux entretiens, le 1er juillet et le 6 octobre 2021”. “La première chose qu’il m’a dite : ‘Je n’ai pas beaucoup de temps à vous accorder'”, confie Pierre H. ne cachant pas avoir été étonné. L’homme n’a constaté aucun trouble ou aucune pathologie particulière. “Cédric Jubillar m’a expliqué qu’il n’avait rien fait et a exprimé une colère par rapport à ses conditions de détention.” “C’est une colère maîtrisée”. “Il est capable d’être influencé pour faire des bêtises”, ajoute le psychiatre.
Concernant le cannabis, la consommation de Cédric Jubillar est “excessive” et il est donc addict. Le cannabis “ne l’a jamais rendu agressif”. “Sa consommation aurait un effet anti-stress. Il fume régulièrement depuis l’âge de 12, 13 ans”. Me Laurent De Caunes grimace… Le pénaliste a beaucoup de mal à entendre l’expert. Il est demandé à ce dernier de se rapprocher du micro.
Lors de la seconde entrevue, Cédric Jubillar aurait changé d’état d’esprit. “On me considère comme la star, je m’en fous de ce qu’ils pensent”, aurait-il affirmé. L’homme prend un traitement pour faire baisser son anxiété et ne présenterait pas de profil suicidaire.
Un psychologue a dévoilé son rapport après l’analyse de Cédric Jubillar ⬇️
Notre dernier compte-rendu d’audience ⬇️
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