Alors que la moisson est bien avancée dans le Gers, la baisse du prix du maïs associée à un été particulièrement sec fait craindre une fin d’année difficile pour de nombreux producteurs.
Président de la coopérative agricole Vivadour, Florent Estebenet le reconnaît sans ambages : le maïs a connu des jours meilleurs dans le Gers. “Ce qui est terrible, c’est le double effet cette année, expose-t-il d’emblée. On a à la fois un prix de marché qui est très bas et une production limitée. Entre la production et le prix de vente, un agriculteur va vendre en dessous de son prix de revient. Ça va s’inscrire très négativement dans les comptes d’exploitation qui vont clôturer l’année comptable.”
À lire aussi :
Vivadour inaugure à Vic-Fezensac son chai innovant dédié aux vins sans alcool
À la baisse du prix, déjà constatée l’an dernier, s’est en effet ajoutée cette année une sécheresse estivale spectaculaire par endroits, comme le souligne Baptiste Doubrere, directeur collecte et agrofournitures chez Vivadour. “Sur certaines zones, les producteurs et nos équipes terrain qui les accompagnent au quotidien estiment qu’on est dans des situations plus critiques qu’en 2003, une année caniculaire dont tout le monde se souvient.”

Les conséquences de cette sécheresse se matérialisent aujourd’hui dans les travaux de récolte, déjà bien avancés en ce mois d’octobre (50 % des surfaces cultivées déjà moissonnées). “Par rapport à l’an dernier, on est aux alentours de 15 % de moins sur cette récolte de maïs. En 2024, on approchait les 180 000 tonnes. Cette année, on devrait se situer, on espère, autour de 155 000 tonnes”, observe Baptiste Doubrere.
Si les irrigants ont pu limiter l’impact du manque d’eau, avec une baisse de rendement estimée entre 15 et 20 %, les producteurs de maïs en sec ou très peu irrigué – qui représentent environ un tiers des producteurs au sein de la coopérative – font face à une chute de rendement de l’ordre de 50 à 70 %. “On sait que cela aura des effets sur l’assolement sur la prochaine campagne. Les producteurs se posent des questions. Quand on a fait du maïs et qu’on a vu son rendement espéré divisé par deux, on se pose des questions sur la reconduite de la culture sur l’année d’après”, poursuit le directeur collecte de Vivadour.
“On redoute de plus en plus le conflit d’usage”
Au-delà des stratégies de production, le manque d’eau s’installe comme une problématique durable pour les cultures de printemps. “Le fait de ne pas avoir accès à l’eau d’irrigation pour un exploitant, c’est s’exposer à des récoltes très faibles, que ce soit pour le maïs, mais aussi le tournesol, le soja ou le sorgho”, alerte Florent Estebenet.

Face à cette problématique, le président de Vivadour regrette de ne pas voir se concrétiser de grands projets de retenue d’eau. “On est sur deux grands bassins de production, et on sait très bien qu’entre la Garonne et l’Adour, il manque 100 millions de mètres cubes de stockage d’eau. On redoute de plus en plus le conflit d’usage entre l’agriculture, qui utilise de l’eau brute, et le consommateur en eau potable. De l’eau, on en a, ce n’est pas le désert, mais il faut la stocker pour la période estivale. Si on ne fait pas ça, aujourd’hui plus que jamais, je ne vois pas comment on va pouvoir tenir la production de céréales dans le département du Gers.”
Ces craintes sont aggravées par un contexte international fortement concurrentiel, dégradé par la baisse du prix du maïs. “La production du maïs dans le Sud-Ouest, c’est 4 millions de tonnes. Aux États-Unis cette année, elle va être de plus de 400 millions. On ne pèse rien en réalité sur le marché”, souligne Florent Estebenet.
À lire aussi :
Coopératives agricoles : un projet de fusion voit le jour entre Terres du Sud et Vivadour
Outre la production céréalière, c’est tout un pan entier de l’agriculture du Sud-Ouest qui est concerné, les filières animales, et notamment avicole et bovine, étant elles aussi dépendantes du maïs local. “Si on veut avoir encore un maïs français, et que le consommateur veut avoir la certitude de manger un produit fini Made in France avec une alimentation 100 % sans OGM, il faut le défendre, sinon on va finir par disparaître. Ce cycle de décroissance n’est pas bon et ne répond pas aux enjeux de souveraineté alimentaire que l’on défend”, conclut Florent Estebenet.
Fusion Vivadour-Terres du Sud : le projet avance
Annoncé au printemps, le projet de fusion entre les coopératives agricoles Vivadour (Gers) et Terres du Sud (Lot-et-Garonne) avance à grands pas, comme nous le confirme le président de Vivadour, Florent Estebenet. “Tout se passe pour le mieux aujourd’hui. On est dans le timing ambitieux qu’on s’était donné en début d’année en assemblée générale. On est à présent soumis à l’autorisation de l’Autorité de la concurrence. Rapprocher en un an deux groupes coopératifs qui pèsent 550 et 650 millions d’euros, c’est un sacré challenge. Il restera ensuite le vote de nos adhérents à la fin de l’année, le 19 décembre à Riscle, pour valider tout ça.”