L’usine de drones du Grand Cahors va remplacer le parc des expositions, avec une ouverture possible dès la fin de l’année. Tekever annonce une centaine d’emplois en région. L’enjeu industriel s’accélère dans le sud du Lot.
Le compte à rebours est lancé. D’ici peu, le parc des expositions du Grand Cahors ne sera plus un lieu d’accueil pour évènements et salons, mais une usine de haute technologie. Le 25 septembre dernier, un conseil communautaire de l’agglomération a validé deux délibérations majeures : le déclassement du site – étape indispensable pour sa sortie du domaine public – et la signature d’un bail emphytéotique de 19 ans, à raison de 300 000 euros par an, au profit de l’entreprise Tekever, avec la possibilité d’une vente autour de 3,6 millions d’euros.
Le groupe paneuropéen, spécialiste des drones autonomes, investira les lieux dans quelques mois. Une implantation stratégique, soigneusement planifiée depuis plusieurs mois. “Il doit débuter le 1er janvier 2026. Mais, le bail pourra commencer un peu avant, cela dépend de quelques délais administratifs”, confirme Nadia Maaref, directrice de Tekever France.
Usine, tests, et technologie embarquée
Sur le terrain, les 4 500 m² de bâtiments existants vont être adaptés pour accueillir des chaînes de production, des zones d’intégration et de tests, ainsi qu’un centre radiofréquence dédié aux activités spatiales du groupe. Pas de restructuration massive à prévoir, mais des travaux d’ajustement : ouvertures élargies, sécurisation des accès, adaptation des infrastructures aux normes industrielles.
Le site accueillera la fabrication de deux modèles de drones, les AR3 et AR5, conçus pour des missions de reconnaissance et de surveillance. Des drones “intelligents” grâce à une I.A. embarquée dans le cœur même de leur système. “Pour nous, un drone non intelligent est une simple extension géographique d’un système. S’il est intelligent, il devient un acteur autonome, partenaire des autres dispositifs utilisés par nos clients”, détaille Nadia Maaref.
L’atout maître du site ? Sa proximité immédiate avec l’aérodrome de Cahors – Lalbenque. Une rareté qui permet à Tekever de valider chaque drone produit, en conditions réelles, sans délai logistique. “C’est un élément clé du projet. Pour valider nos drones en sortie de production, il est crucial d’avoir un aérodrome à proximité immédiate. Cela nous fait gagner énormément de temps”, insiste la directrice.
L’usine de Cahors s’inscrit dans une stratégie industrielle de grande ampleur. En mai dernier, Tekever a annoncé un plan d’investissement de 100 millions d’euros en France, dont une part significative sera concentrée sur Cahors et Toulouse. Le site cadurcien complétera celui de la Ville rose axé sur la recherche et les fonctions support.
Une première sortie de drones à l’été 2026
Sur le terrain, les effets seront rapidement visibles. Les premiers employés devraient arriver dès la fin des travaux, probablement l’année prochaine. Le poste de responsable d’usine est déjà ouvert. En 2026, l’entreprise prévoit entre 20 et 40 embauches pour le démarrage. Tekever vise la création de 100 postes en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine d’ici cinq ans. Les profils recherchés sont variés : techniciens en électronique, mécaniciens, ingénieurs qualité…
Et l’écosystème local n’est pas oublié. “Nous avons participé mardi à un événement organisé par la Mecanic Vallée pour faire du B2B entre tous les acteurs de l’écosystème“, souligne Nadia Maaref. Face aux interrogations sur la dimension civile et militaire des activités de Tekever, la responsable tente de rassurer : “Tekever est née dans le civil et n’a abordé le domaine de la défense que récemment, avec la guerre en Ukraine. Nos sites sont sécurisés, comme tout site industriel, avec une attention particulière à la protection des données sensibles. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir.”
“Notre calendrier de production est très adaptatif. Pour Cahors, la première sortie de drones est prévue pour l’été 2026. Ensuite, nous prévoyons de produire quelques dizaines d’unités par mois”, résume la dirigeante. Après Toulouse, Cahors s’impose d’ores et déjà comme le deuxième pilier français de Tekever. Et le parc des expositions s’apprête à tourner une page. Dès 2026, au lieu des stands et des scènes, ce sont les drones intelligents qui prendront leur envol.