L’ancien Premier ministre était en déplacement dans le Tarn-et-Garonne ce mardi 30 septembre 2025 pour soutenir Catherine Simonin-Bénazet, candidate investie par Renaissance pour la législative partielle des 5 et 12 octobre dans la 1re circonscription. L’occasion pour Gabriel Attal de peaufiner son image de présidentiable et d’évoquer, dans un entretien accordé à La Dépêche, sa vision de la nouvelle République qu’il appelle de ses vœux.
Ce n’est plus un agenda de Premier ministre mais ça y ressemble encore pour Gabriel Attal. Le déplacement en Tarn-et-Garonne du secrétaire général du parti Renaissance était minuté depuis lundi soir. Malgré cela, celui qui prend de plus en plus ses distances avec Emmanuel Macron, a bien voulu répondre aux questions de La Dépêche en cheminant, ce mardi 30 septembre, sur la place du marché de Nègrepelisse puis dans les rues piétonnes de Montauban.
Lors de votre rentrée politique le 21 septembre à Arras, vous avez esquissé un projet pour notre pays. Quels sont les axes de vos propositions qui pourraient régénérer la vieille démocratie qu’est la France ?
On voit qu’on a besoin à la fois d’une plus grande efficacité dans les décisions publiques. Ce pays crève de la multiplication de recours pour bloquer les projets et d’une forme de “vétocratie” où, finalement, à chaque fois que quelqu’un a un projet, à tous les niveaux il y a quelqu’un qui peut bloquer… et donc il faut assumer de simplifier drastiquement nos règles, limiter les possibilités de recours sur un certain nombre de sujets. Et de l’autre côté, il faut qu’on arrive à mieux partager le pouvoir, et notamment avec les collectivités locales et avec les partenaires sociaux. Il y a d’ailleurs une part de responsabilité du mouvement du président de la République. Emmanuel Macron n’a pas assez partagé le pouvoir. C’était le sens de ma proposition de nommer un négociateur avant de désigner un nouveau Premier ministre. Il ne l’a pas suivie.
Ce mardi matin à Nègrepelisse, vous dressiez le constat que la Ve République était à bout de souffle.
Oui, c’est vrai que notre système institutionnel est à bout de souffle. Regardez l’Assemblée nationale avec ces trois blocs dont aucun n’a la majorité. Ce qui est inédit dans l’histoire de France est banal ailleurs en Europe. Nos voisins ont la culture du compromis, pas nous. Dans un compromis, il n’y a pas de gagnant ou de perdant, ça, il faut que le PS le comprenne. Le compte à rebours, c’est le 31 décembre avec l’adoption du budget. Renaissance ne sera pas un obstacle, au contraire, pour essayer de trouver un compromis entre le Socle commun et le PS.

Beaucoup d’élus locaux réclament un nouvel échelon de décentralisation. Ils demandent à l’État de rester cantonné sur ses pouvoirs régaliens et surtout de leur faire davantage confiance. Vous partagez leur point de vue ?
Oui bien sûr. Et il faut aussi une clarification des responsabilités de chacun et poser toutes les questions y compris celle du nombre d’échelons de collectivités. On parle souvent du millefeuille. Moi, je pense qu’on peut faire mieux avec moins.
La question est délicate. Dans ce millefeuille, est-ce qu’il y a un échelon selon vous qu’il faudrait supprimer ?
Moi je ne raisonne pas comme ça, parce que rentrer dans la discussion comme ça, c’est le meilleur moyen d’avoir tout de suite des levées de bouclier. Je pense qu’il faut bien définir les compétences de chacun et ne pas s’interdire non plus d’imaginer de nouvelles cartes des collectivités. Je pense que le sujet ce n’est pas de dire qu’on va supprimer un des échelons, c’est prendre le sujet par le petit bout de la lorgnette. La question c’est : où est-ce que l’action publique est la plus efficace, quel sujet, à quel niveau et ensuite redessiner une organisation qui soit plus claire.
La Dépêche a fait sa Une ce mardi matin sur la difficile équation du budget 2026 avec cette question : pour redonner du pouvoir d’achat, faut-il supprimer certaines cotisations sociales au risque de remettre en cause notre système de protection sociale ?
Moi, je suis pour maintenir notre système de Sécurité sociale, de solidarité parce qu’évidemment, c’est un socle et un trésor. Le problème, c’est qu’en 1945, notre système social a été fondé sur des bases où il est financé par les travailleurs. On sait qu’on va avoir moins d’actifs et plus de personnes à protéger. Si on veut que travailler rapporte davantage et baisser le poids des cotisations, il faut penser à un financement de notre protection sociale qui ne repose pas sur les seuls travailleurs. Il faut une refondation et une remise à plat.