L’ancien directeur du FBI James Comey lors d’une audition devant la commission du renseignement du Sénat, au Capitole, à Washington, le 8 juin 2017. BRENDAN SMIALOWSKI/AFP
L’ancien directeur du FBI James Comey, l’une des bêtes noires de Donald Trump, a été inculpé jeudi 25 septembre notamment pour entrave à la justice. La décision a été immédiatement saluée par le président américain, dont les pressions visant les adversaires politiques commencent à porter leurs fruits. « JUSTICE EN AMÉRIQUE ! », s’est félicité le locataire de la Maison-Blanche sur son réseau Truth Social, en décrivant l’ancien chef de la police fédérale comme « l’un des pires êtres humains que ce pays ait connu ».
« Aujourd’hui, un grand jury fédéral [une commission de citoyens investie de pouvoirs d’enquête] a inculpé l’ancien directeur du FBI, James Comey, d’infractions graves liées à la divulgation d’informations sensibles », a annoncé le ministère de la Justice dans un communiqué.
L’ex-patron de la police fédérale, âgé de 64 ans, est poursuivi pour fausse déclaration et entrave à la justice « en relation avec son témoignage oral devant la commission judiciaire du Sénat américain » en 2020, selon le ministère, précisant qu’il encourait jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. James Comey était alors interrogé dans le cadre de l’enquête du FBI sur les liens supposés entre la Russie et la première campagne présidentielle de Donald Trump, en 2016.
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L’ex-magnat de l’immobilier avait brutalement limogé James Comey du FBI en 2017 quand ce dernier enquêtait sur des soupçons d’ingérences étrangères durant son premier mandat (2017-2021), et l’avait notamment accusé depuis d’avoir menti devant le Congrès. Dans un rapport en 2019, le FBI avait conclu à l’insuffisance de preuves de collusion entre Moscou et l’équipe de Donald Trump mais avait relevé une série de pressions troublantes exercées par le président sur l’enquête.
« Nous ne vivrons pas à genoux »
« Je n’ai pas peur », a rapidement répondu James Comey. « La peur est l’arme des tyrans », a-t-il ajouté dans une vidéo sur Instagram. « Ma famille et moi savons depuis des années ce qu’il en coûte de s’opposer à Donald Trump, a-t-il assuré. Nous ne vivrons pas à genoux, et vous ne devriez pas le faire non plus. » « J’ai confiance dans la justice fédérale et je suis innocent. Alors, rendez-vous au procès et gardez la foi », a conclu l’ex-chef du FBI.
Depuis le retour au pouvoir en janvier de Donald Trump, après une campagne où il avait juré de se venger de ses adversaires politiques, les autorités américaines ont lancé plusieurs procédures contre des personnalités considérées comme hostiles au républicain, dont James Comey et l’ancien directeur de la CIA John Brennan.
Le président américain avait mis la pression ce week-end sur le ministère de la Justice pour qu’il poursuive plus rapidement ceux qui lui ont mis des bâtons dans les roues, accroissant les craintes de l’opposition démocrate sur un risque de remise en cause de la séparation des pouvoirs.
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En juillet, Donald Trump avait déjà suggéré que James Comey et John Brennan pourraient devoir rendre des comptes. « Ce sont deux personnes très malhonnêtes. Je pense que ce sont des crapules finies et peut-être qu’ils devront en payer le prix », avait-il lancé devant la presse à la Maison-Blanche.
Des appels à poursuivre d’autres adversaires
Alors que ses opposants l’accusent de dérive autoritaire, Donald Trump n’a pas caché son impatience face aux atermoiements du ministère de la Justice dans d’éventuelles poursuites contre d’autres adversaires, dont la procureure générale de l’Etat de New York Letitia James. Cette dernière est accusée par le responsable de l’agence de financement du logement Bill Pulte, un proche de Donald Trump, de falsification de documents concernant des demandes de prêts immobiliers.
La semaine dernière, le départ du procureur fédéral Erik Siebert avait été annoncé par les médias quelques heures après que Donald Trump eut publiquement réclamé son départ. Selon la presse américaine, Erik Siebert avait refusé, faute de preuves suffisantes, d’engager des poursuites contre Letitia James mais aussi James Comey.
Depuis, Donald Trump a nommé Lindsey Halligan, une conseillère de la Maison-Blanche, à sa place, estimant que la ministre de la Justice Pam Bondi avait « besoin d’un procureur dur » à ses côtés « pour faire bouger les choses ».