Fermé depuis les années 90 mais inscrit dans les statuts de l’accord de 1996 pour sauver le Pic du Midi, ce bâtiment historique va abriter un “hôtel d’expérience” de 16 chambres, relié à son vaisseau amiral par un téléphérique, en cours de déploiement, à l’issue de travaux débutés il y a plus d’un an.
Dans le tumulte des flocons, on ne distingue rien du Pic du Midi pourtant tout proche. En cette fin septembre, l’ambiance est hivernale à l’Hôtellerie des Laquets. Un thermomètre en négatif pas de nature à réjouir les responsables du Pic du Midi comme la vingtaine d’ouvriers qui se relaient sur ce chantier à 2 620 m d’altitude, en proie aux assauts tempétueux. Car, ici, la course contre la montre est lancée, notamment avant d’installer définitivement le téléphérique, cet ascenseur automatique dont la cabine reliera l’hôtellerie et le Pic. “Le câble est désormais tiré sur 480 m, manquent les cavaliers et les tracteurs, puis la cabine qui doit être installée avant l’hiver pour que les essais puissent être réalisés en décembre, afin de bénéficier de ce lien entre le Pic et l’Hôtellerie pour les ouvriers début 2026, afin de continuer le second œuvre” résume Daniel Soucaze des Soucaze, directeur du Pic du Midi. Avec en ligne de mire, une livraison du chantier dans le courant de l’été 2026.


Une renaissance pour ce bâtiment intimement lié à son vaisseau (des étoiles) amiral mais à la vocation touristique affirmée depuis sa création, au début des années 30. Avant de disparaître et de s’éteindre en 1996, alors que le Pic du Midi entamait sa résurrection. Pour autant, la réhabilitation des Laquets fut partie intégrante du plan de sauvetage du Pic. Un projet prévoyait même un accès routier goudronné, rappelant que l’on montait ici naguère, en bus ou en voiture. “Ça a été heureusement abandonné pour garantir l’intégration de ce bâtiment dans son espace et éviter une surfréquentation. Un choix validé par trois études paysagères. Ce sera un hôtel d’expérience unique, tout confort, avec un panorama exceptionnel, prédit Daniel Soucaze. C’est une offre complémentaire aux nuits au Pic, plus scientifiques et où les réservations ne sont possibles que pour fin 2027. Là, on sera dans la contemplation, avec un accueil de charme dans un espace isolé, déconnecté.” Un restaurant gastronomique nourrira cette expérience.


Pour ce faire, la partie nouvelle et moderne du bâtiment, un peu plus de la moitié des 938 m2, bénéficiera de larges ouvertures vitrées, pour apprécier le panorama depuis les chambres, l’escalier monumental comme l’espace bien-être. La moitié historique réhabilitée conservera l’identité des lieux, ses pierres et ses voûtes anciennes. À l’étage, seize chambres se partageront entre les deux parties, avec une unité architecturale. L’eau sera acheminée depuis le lac d’Oncet et le Pic du Midi. L’Hôtellerie disposera de sa propre station d’épuration. Un point d’accueil avec snacking, boissons et boutique, sera également proposé aux randonneurs. “C’était un devoir de faire revivre ce patrimoine historique qui fait partie de la mémoire des Pyrénées et qui fut essentiel à l’histoire du Pic dont il était le camp de base”, assure Myriam Escobar, responsable projet et financier au Pic. “C’est un chantier d’exception avec les contraintes d’un site classé et en altitude pour lequel les entreprises locales choisies ont été particulièrement investies, pointe Arnaud Folest, qui a suivi les travaux. Une base de vie a été dressée même si certaines sociétés font les allers-retours.” Le Pic prévoit de lancer les réservations dès le début de l’année prochaine.


11 M€ de travaux portés par les résultats du Pic
Le montant de la rénovation de l’Hôtellerie des Laquets avoisine les 11 M€, avec des financements de l’État (1,5M€), de l’Europe (800 000 €), de la région (650 000 €) et du département (450 000 €). Le reste est porté par un prêt de 6,5M€ et par les excédents dégagés par l’exploitation du Pic du Midi. “Les résultats croissants du Pic qui génère de l’excédent (740 000 € de résultats l’an dernier) ont contribué à sécuriser et crédibiliser ce projet auprès des financeurs, se réjouit Jean-Louis Cazaubon, le président du syndicat mixte. 62 % des recettes du Pic du Midi qui emploie 135 personnes est réinvesti sur le territoire. Aujourd’hui, ce phare touristique est rentable, alors que par exemple les subventions qu’il reçoit pour ses missions de service public envers les scientifiques se réduisent.”
