Habitante du Passage d’Agen, Constanta, 69 ans, lutte depuis plus d’un an contre ses locataires qui ne paient plus leurs loyers. Malgré de nombreuses confrontations, ainsi que des actions en justice, la retraitée se retrouve criblée de dettes.
Une détresse impossible à dissimuler. “Je pleure, je ne dors pas. Je ne mange pas. Quand on me regarde, on a l’impression que je n’ai plus de vie”, glisse-t-elle, la voix qui déraille. La mine abattue, munie d’une pochette débordant de documents comme pour appuyer sa vérité… Depuis plus d’un an, Constanta dit mener un combat solitaire à l’encontre de ses locataires. Cette habitante du Passage d’Agen de 69 ans, propriétaire de deux appartements voisins d’une habitation de Villeneuve-sur-Lot se heurte à des loyers impayés, la plongeant dans une vague infranchissable de problèmes financiers.
Les premiers mois n’avaient pourtant rien laissé présager. Sur la recommandation de son ancien locataire, Constanta loue un premier logement à un père de famille à partir du mois de juillet 2024, puis le second à la sœur de ce dernier. À compter du mois de décembre 2024, les versements de loyers, d’un montant de 420 euros pour chacun des logements, cessent de parvenir aux comptes de la propriétaire. Au fil du temps, d’autres membres de la famille prennent leurs quartiers dans les appartements, au grand dam de la Passageoise. “Ils sont je ne sais combien. Tout le monde habite chez moi, sans droit, ni autorisation”, regrette-t-elle.
Insultes, violences…
La sexagénaire fait pourtant preuve de persévérance pour tenter de récupérer son dû, adressant à ses locataires de multiples lettres recommandées qui finissent toujours par réatterrir dans sa boîte aux lettres, ainsi que des mises en demeure et commandements de payer rédigés par un commissaire de justice. La Passageoise n’hésite pas non plus à confronter ces derniers physiquement mais ne récolte, en retour de ces moultes échanges animés, que des railleries. “Ils me disent de venir en me promettant qu’ils vont me payer. Je fais donc plus de 70 km aller-retour… pour rien. Une fois sur place, ils se moquent de moi tous ensemble. Ils m’insultent, me bousculent. Un jour, l’une d’eux m’a fermé la porte au visage. Je leur ai donné un abri confortable, de l’eau chaude. M’insulter comme cela, c’est…”, relate-t-elle sans achever sa phrase. Si, en début d’année, la famille finit par rembourser quelques-unes de ses dettes, elle cesse à nouveau de payer à partir du mois mars dernier, et du mois de mai en ce qui concerne les habitants du rez-de-chaussée.
Rendez-vous devant le tribunal
Conformément à la clause résolutoire, qui prévoit la rupture automatique d’un contrat au bout de deux mois consécutifs de loyers impayés, les baux des locataires finissent même par être résiliés le 15 et le 27 juillet 2025. Ni ces actes, ni les deux mains courantes déposées pour agressions, ne permettent à Constanta de chasser les locataires. “Je me suis tournée vers un tas de personnes qui m’ont dit que l’on ne pouvait rien faire, à part avoir recours à la justice.”
Ceux-ci ont donc reçu une assignation à comparaître, le 3 octobre prochain, devant le juge des contentieux de la protection du tribunal de proximité de Villeneuve-sur-Lot. La tenue de cette audience ne suffit pas à soulager Constanta, rongée par l’idée que les Villeneuvois ne soient pas expulsés des logements avant l’arrivée de la trêve hivernale. “Si le juge met du temps à rendre sa décision, je suis fichue jusqu’à la fin du mois de mars, ils me devront encore plus d’argent. Je suis prête à m’asseoir sur tout l’argent qu’ils me doivent, je veux simplement qu’ils s’en aillent avant. Je lance un cri d’alerte, je ne sais plus à qui m’adresser”.
Originaire de Roumanie, où elle était ingénieure en industrie textile, Constanta a occupé plusieurs postes, notamment dans le commerce, depuis son arrivée en France il y a une trentaine d’années. Sa modeste pension de retraite, l’accumulation de frais liés aux appartements dont elle est propriétaire, ne lui permet plus de joindre les deux bouts en l’absence de ces versements de loyers. “C’est une situation affreuse dans laquelle ils m’ont mise. J’ai des dettes de partout. Ils m’ont détruite”. Les locataires en question, que nous avons contactés, n’ont pas encore donné suite.