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Le Nouvel Obs avec AFP
Donald Trump à la Maison-Blanche, le 5 septembre 2025. MANDEL NGAN / AFP
Largement sourd aux accusations de conflits d’intérêts depuis son retour au pouvoir, le président américain Donald Trump a annoncé qu’il organiserait le sommet des dirigeants du G20 en décembre 2026 dans un complexe de golf que possède sa famille. « Nous ne gagnerons pas du tout d’argent avec ça », a assuré le milliardaire vendredi 5 septembre en faisant valoir que le site retenu, le « Trump National Doral Miami » en Floride, était « le meilleur endroit ». Il a confirmé par ailleurs qu’il ne se rendrait pas au rassemblement des dirigeants du G20, cette année en novembre en Afrique du Sud, et que les Etats-Unis y seraient représentés par le vice-président JD Vance.
Pendant son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait voulu accueillir un sommet du G7 à Doral mais avait reculé face à une vague d’accusations de corruption. Cette fois-ci, « ce sera vraiment magnifique », a assuré le milliardaire de 79 ans pendant un échange avec la presse dans le Bureau ovale, faisant valoir que la propriété était proche de l’aéroport et assurant que « chaque pays aurait son propre bâtiment ». Le président américain a aussi dit qu’il « aimerait » que le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping participent à ce rassemblement l’an prochain.
La présidence tournante du G20, qui rassemble les plus puissantes économies mondiales, est assurée cette année par l’Afrique du Sud. Donald Trump avait déclaré fin juillet qu’il ne se rendrait « probablement pas » au rassemblement de chefs d’Etat et de gouvernement prévu les 22 et 23 novembre à Johannesburg, accusant le gouvernement sud-africain de persécuter les personnes blanches. Il a confirmé cette décision vendredi : « JD (Vance) ira, je n’irai pas. »
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Conflits d’intérêts
Donald Trump est accusé par l’opposition démocrate de profiter de son retour au pouvoir pour promouvoir les intérêts économiques de sa famille dans divers secteurs, en particulier l’immobilier et les cryptomonnaies. Formellement, le président américain n’est plus impliqué dans les affaires familiales, désormais gérées principalement par ses fils. Mais l’ancien promoteur immobilier, qui mène ce second mandat de manière complètement désinhibée, brouille régulièrement la ligne entre intérêts privés et domaine de l’Etat, au grand dam des associations anti-corruption. Il y a quelques semaines, il a profité d’un séjour en Ecosse pour inaugurer un nouveau cours de golf dans un complexe portant son nom. Le président américain s’est associé à plusieurs projets dans les cryptomonnaies, ce qui lui a permis de gonfler sa fortune personnelle, pendant que son gouvernement encourage activement ce secteur.
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Par ailleurs, Donald Trump et Steve Witkoff, son émissaire spécial en Russie et au Moyen-Orient, sont associés via leurs familles dans une société de cryptomonnaies, World Liberty Financial. Cette entreprise, qui présente le président comme « cofondateur émérite » sur son site web, a été très critiquée pour une récente transaction lucrative avec une société d’Abou Dhabi. Quand il s’est rendu à Abou Dhabi au printemps dans le cadre d’une grande tournée du Golfe, Donald Trump avait accédé à une demande des autorités émiraties : pouvoir acheter des composants électroniques américains de pointe. Lors du même voyage, il avait accepté un Boeing offert par le Qatar, balayant les protestations des démocrates.
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Pendant son premier mandat, la Trump Organization, la holding familiale, s’était imposé un moratoire sur les investissements avec des partenaires privés étrangers. Rien de tel cette fois. Dans une longue enquête publiée en août, le magazine « The New Yorker » a tenté d’additionner les gains réalisés par la famille Trump dans ses diverses activités depuis le début du second mandat. L’hebdomadaire est arrivé à un total d’un peu plus de 3 milliards de dollars.