August 13, 2025

La musique était trop forte, il tranche la gorge de sa voisine avec un sabre

l’essentiel
Elle lui reproche de jeter des mégots par la fenêtre. La voisine ivre de ce fumeur colérique ne s’est pas gênée pour monter le son de sa musique. Il déteste ça. Le conflit de voisinage a dégénéré en agression au sabre. D’autres armes blanches et un poing américain ont été retrouvés chez ce Lotois qui comparaissait devant le tribunal de Cahors, ce jeudi. Il a été condamné. Récit.

Effroyable affaire d’agression au sabre. Un acte d’une violence inouïe qui s’est soldé par l’hospitalisation de la victime, une habitante de Figeac, âgée de 51 ans, à la gorge tranchée par son voisin, le 25 juin dernier. Cet homme de 47 ans s’est avancé à la barre du tribunal correctionnel de Cahors, ce mardi, assez sûr de lui, très loquace et prêt à justifier son acte.

Cette audience s’est déroulée dans le cadre de la procédure de comparution immédiate. La préméditation n’a pas été retenue, c’est ce qui sauve le prévenu d’une convocation aux assises.

L’audience de ce mardi, à Cahors, concernait une affaire peu commune d’agression au sabre, à Figeac.
L’audience de ce mardi, à Cahors, concernait une affaire peu commune d’agression au sabre, à Figeac.
Photo DDM

“Mon envie était de créer un choc psychologique”

“Sa musique était trop forte. Je ne suis pas le seul à avoir réagi. Elle s’est mise à insulter les voisins d’en face. Au début je me rendais chez-elle pour la calmer, la raisonner” explique-t-il. “Mais il y a eu d’autres insultes, des menaces. Alors j’ai agi sur un coup de tête. Mais là aussi, mon envie était de créer un choc psychologique chez ma voisine. Je connais bien les profondeurs de l’âme humaine” ajoute-t-il dans un discours lunaire.

“J’ai juste grondé colériquement ma voisine”

Question simple du tribunal : “Pourquoi détenez-vous un sabre à votre domicile ?”. L’homme répond : “Pour me défendre, car j’ai subi des cambriolages lorsque j’habitais sur la Côte d’Azur. Je n’ai pas agressé ma voisine. J’ai posé la lame du sabre sur sa poitrine, mais jamais à la gorge. En faisant ce geste, j’ai juste grondé colériquement ma voisine en lui disant que cette situation de nuisances sonores et les insultes, ça ne pouvait plus durer. Cette affaire, c’est un coup d’épée dans l’eau.” Le président ouvre de grands yeux.

“Elle était ivre, il fallait bien la calmer !”

En fait, les enquêteurs de la police scientifique ont déterminé que le quadragénaire a fait une clé de bras à cette femme, pour se retrouver derrière elle et avoir ensuite tout le loisir de manœuvrer son sabre sous sa gorge. Les photos présentes dans le dossier, auquel nous avons eu accès, sont éloquentes.

“Elle était ivre, il fallait bien la calmer ! Elle a beaucoup de problèmes avec les résidents de notre HLM à cause des nuisances sonores. On lui crève souvent les pneus de sa voiture. Lors de notre conflit, elle m’a dit pourquoi tu as fait ça ? Et je suis parti.”

“J’ai vu le sang gicler dans le lavabo”

Dans ce dossier, aucune trace de sang n’a été retrouvée sur la lame du sabre et chez la victime. Celle-ci, absente à l’audience, a fourni une explication lors de son audition : “J’ai vu le sang gicler dans le lavabo. J’ai tout nettoyé avant l’arrivée de gendarmes.”

C’est un sabre avec une lame de ce genre qui a été utilisé.
C’est un sabre avec une lame de ce genre qui a été utilisé.
Photo Illustration

L’a-t-elle fait vraiment ou bien c’est l’homme qui a nettoyé l’appartement de sa voisine et son sabre pour tout faire disparaître ? C’est ce doute qui lui a évité la Cour d’Assises. Cependant, l’agression est bel et bien caractérisée : 6 jours d’ITT pour des blessures explicites.

“J’avais conscience de la gravité de la situation. Je ne voulais pas blesser cette femme. Le but c’était de soigner son esprit” reprend le Figeacois, comme un aveu sordide.

“Une psychose chronique avec des convictions mégalomaniaques”

Les expertises psychiatriques ont apporté un éclairage plus précis sur le comportement et la personnalité des deux protagonistes de ce dossier. Le président du tribunal en livre un extrait. “La victime est décrite comme une femme avec une personnalité borderline. Elle a une fâcheuse tendance à la persécution illusoire. Lui fait preuve d’une psychose chronique avec des convictions mégalomaniaques. Dans son cas, des soins psychiatriques sont fortement recommandés.”

Une passion évidente pour les armes blanches

À l’évidence, cet homme adore les armes blanches. En montrant une photo où l’on distingue la grande lame de 40 centimètres du sabre, le président annonce : “En plus du sabre, on a retrouvé de nombreux couteaux chez-vous et un poing américain.”

Pas du tout dérangé par ces découvertes des enquêteurs et l’étonnement du président, l’homme se présente comme “un collectionneur d’art. Les couteaux sculptés, ce sont de belles créations, c’est de l’art. Une forme de culture…”. Une forme qui pénètre la peau aussi. C’est la conviction de Maître Yassfy qui défendait la quinquagénaire.

“Il est venu chez-elle pour lui régler son compte”

“Cet individu minimise son acte. Il a la parole facile. Pour moi, il a prémédité son acte et l’avait même écrit sur son téléphone le jour où cette femme l’a énervé. Son sabre était devant sa porte, prêt à être utilisé. Il avait aussi prévu un masque de ski pour se protéger d’éventuelles projections de gaz lacrymogène si sa voisine tentait de se défendre. Tous ses gestes étaient préparés. Il est venu chez-elle pour lui régler son compte. Non, ce n’est pas un coup d’épée dans l’eau, comme il le prétend. C’est bien un coup de sabre à la gorge.”

De la prison avec sursis et des soins psychiatriques

De son côté, Maître Pedoussaut, l’avocate du prévenu, a rappelé que ce dernier “disposait d’un casier judiciaire vierge. Il a eu quelques soucis et a été hospitalisé à Leyme après une tentative de suicide. Sa voisine, quant à elle, est défavorablement connue des services de police. Elle pratique l’insulte et crée souvent des troubles sonores.”

À lire aussi :
Frappé au visage avec un sabre, l’ancien maire lotois Roger Lassaque raconte son agression

Après une courte suspension, le délibéré a été prononcé : l’homme a écopé d’une peine de six mois de prison assortie d’un sursis probatoire de 2 ans. Il devra également se soumettre à des soins psychiatriques et ne pourra plus rentrer en contact avec sa voisine, ni détenir une arme blanche. Affaire classée. La justice a tranché… sans sabre.

source

TAGS: