December 1, 2025

"Ça sauve ma vie" : le covoiturage, une roue de secours pour les usagers de la ligne Auch-Toulouse

l’essentiel
Confrontés à des perturbations récurrentes du trafic ferroviaire, de nombreux usagers de la ligne Auch-Toulouse se sont rabattus sur le covoiturage, souvent plus fiable et moins cher. Reportage à Auch.

Installée à Toulouse, Domitille effectue depuis une quinzaine de jours des trajets quotidiens à Auch, où elle exerce une mission professionnelle d’un mois dans le cadre d’un contrat à durée déterminée (CDD). Si la jeune Libournaise de 24 ans avait privilégié d’emblée le train pour se rendre dans la cité gasconne, les problèmes majeurs d’aiguillage récemment observés sur la ligne Auch-Toulouse l’ont rapidement contrainte de chercher un plan B. “J’utilise Blablacar comme solution de secours parce que le train ne fonctionne pas vraiment. Ça sauve ma vie”, témoigne-t-elle.

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Domitille a pu le constater dès son premier jour dans le département. Elle relate : “Mon train a été annulé le jour même. Je me suis dit : comment je vais faire ? J’ai discuté avec d’autres gens qui étaient dans la même situation que moi. Ils m’ont parlé de Blablacar ou d’un bus de substitution. Finalement, j’ai trouvé un Blablacar. Heureusement qu’il y avait ça. Je n’avais aucune affaire de rechange.”

“C’est souvent moins cher que le train”

Depuis, elle privilégie systématiquement la plateforme de covoiturage pour réaliser ses déplacements quotidiens. Il faut dire que les avantages sont nombreux, à commencer par le prix. “C’est souvent moins cher que le train. Ce qui est bien aussi, c’est que les points de rendez-vous peuvent être modifiés, on peut s’arranger avec le chauffeur”, observe-t-elle.

On dénombre une trentaine d’aires de covoiturage dans le département du Gers.
On dénombre une trentaine d’aires de covoiturage dans le département du Gers.
DDM ILLUSTRATION – SEBASTIEN LAPEYRERE

Au-delà des bénéfices pécuniaires et logistiques, Domitille s’y retrouve aussi sur le plan humain : “Tu parles avec des gens, c’est cool, tu élargis ton réseau”. Ce n’est pas Michel, l’un de ses chauffeurs ponctuels, qui viendra la contredire. Âgé de 58 ans, ce militaire de réserve pratique le covoiturage depuis un peu plus d’un an. “Dans un premier temps, c’était pour amortir mon trajet, donc plutôt pour des raisons économiques. Dans un second temps, je me suis rendu compte que c’était beaucoup plus agréable de voyager à plusieurs et pouvoir discuter, découvrir des gens. Ça m’a énormément plu”, livre le quinquagénaire, installé à Verfeil (Haute-Garonne).

Comme beaucoup de conducteurs inscrits sur la plateforme, il constate depuis plusieurs semaines une augmentation de la demande sur l’axe Auch-Toulouse. “Je regarde un peu les trajets que font aussi les autres et je m’aperçois qu’il y a de plus en plus de covoitureurs qui font le trajet. Il y a pas mal de gens qui demandent d’aller à Auch ou qui viennent d’Auch.”

Conducteurs opportunistes

Aussi pratique soit-il, le covoiturage ne s’exonère évidemment pas de petits désagréments. Domitille cite notamment les annulations de dernière minute : “Ça m’est arrivé qu’une dame annule la veille alors qu’elle m’avait acceptée”. La Libournaise a toutefois pu retomber sur ses pattes : “J’ai pu trouver un autre conducteur qui avait posté son annonce le soir même”.

Certains conducteurs opportunistes profitent également de la situation dégradée de la ligne Auch-Toulouse pour gonfler leur tarif (autour de 12 euros sur certains trajets Auch-Toulouse, soit environ le double du prix moyen proposé par l’application). Une pratique somme toute limitée, le covoiturage restant dans l’ensemble une solution plus économique et plus fiable que le train, sur cet axe-là.

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Le samedi 29 novembre, on dénombrait ainsi une vingtaine d’annonces pour des trajets entre Auch et la métropole toulousaine sur la plateforme Blablacar, dont seulement 3 à plus de 10 euros. Dans le même temps, l’application SNCF proposait 8 trains liO, dont 5 à 18 euros et 3 à 10 euros (en plein tarif).

Pour rappel, un retour à la normale du trafic sur la ligne Auch-Toulouse est prévu ce vendredi 5 décembre, à l’issue des travaux en cours sur l’aiguillage de Brax, ceux de L’Isle-Jourdain ayant été achevés vendredi dernier. En attendant, pour bon nombre d’usagers, le choix entre train et covoiturage est fait.

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