Canal + dévoile ce dimanche 9 novembre “Point par point”, un documentaire qui revient sur le parcours de Thomas Ramos, ses accomplissements et les moments difficiles qu’il a connu en club comme en sélection. Au travers de la saison 2024-25 de l’arrière français, on rencontre l’homme qui se cache derrière le joueur. Entretien avec Guilhem Garrigues, le réalisateur du documentaire.
Est-ce que vous pouvez nous raconter la genèse de ce projet ?
J’ai fait un premier reportage avec Thomas Ramos en janvier 2023, avant la Coupe du monde, et j’ai bien aimé la manière de travailler avec lui. Je lui en ai parlé après la finale de la Champions Cup, en mai 2024. Il a pris un mois de réflexion et il nous a annoncé qu’il était partant. J’en ai discuté avec le club dans la foulée et tout le monde s’est mis d’accord au moment de la demi-finale de Top 14 à Bordeaux.
Comment s’est passé le tournage ?
On a commencé à tourner à la finale 2024 et on a fini en octobre 2025. C’est plus d’un an de travail avec, en moyenne, deux tournages par mois. L’idée c’était d’avoir une saison complète à ses côtés. Le documentaire commence en début de saison et se termine sur la finale (remportée par le Stade Toulousain face à l’UBB (39-33), NDLR). Il y a toutes les étapes importantes d’une saison. D’autant que, je ne vais pas dire que c’est de la chance, mais il se trouve qu’il y a un titre de champion de France, un Tournoi des Six Nations et le record de points en équipe de France (battu par Thomas Ramos le 15 mars 2025, NDLR). Les planètes sont alignées. En plus de ça, il fêtait ses 30 ans.

Pourquoi avoir voulu suivre Thomas Ramos ?
Le plus important, c’est qu’il a une histoire. C’est un cadre de l’équipe de France, un des meilleurs joueurs de Top 14, voire du monde, donc il est très identifié dans le rugby mondial. Malgré ça, dans le paysage rugby actuel, il fait partie des rares à ne pas avoir une construction linéaire. Sa singularité, c’est qu’il s’est construit sur des échecs autant que des réussites, il a beaucoup rebondi. Je trouve que ça donnait quelque chose de sympa et d’original à raconter. C’est aussi quelqu’un de très réfléchi et posé et il a accepté de nous ouvrir son intimité. On a eu accès à ses proches, que ce soit sa famille avec ses grands-parents, ses parents et son épouse, mais aussi à plusieurs de ses coéquipiers qui l’ont accompagné à travers les différentes périodes de sa carrière. Cette collaboration, ça nous a permis d’avoir accès à des scènes vraiment fortes. L’anecdote de la grand-mère qui tient un carnet des statistiques de son petit-fils, je le découvre sur place ! Pareil pour l’annonce de sa future paternité à son agent. Ce sont les joies du tournage. On ressent une émotion incroyable.
Ce documentaire illustre aussi les différences entre le joueur et l’homme, c’est quelque chose qui s’est ressenti pendant le tournage ?
Il est conscient d’être quelqu’un d’assez pénible sur un terrain. Le chambrage, cela fait partie de lui, mais pour lui, ce qui se passe sur le terrain n’a rien à voir avec ce qu’il y a en dehors. Ce qui lui importe, c’est que les gens en dehors le voient comme un mec bien. Il a une humilité, une normalité presque troublante. Il évoque son travail avec un préparateur mental avec beaucoup d’honnêteté, il est conscient des faiblesses qu’il a pu avoir. C’est une ouverture d’esprit incroyable. On en oublie presque que c’est quelqu’un de différent, le meilleur marqueur de l’histoire des Bleus, avec qui l’histoire a pourtant été parfois compliquée. Tout ça, fait de lui une belle source d’inspiration qui véhicule un message d’espoir.
Comment cette soif de victoire peut-elle se conjuguer avec cette simplicité ?
Il y a une phrase d’Ugo Mola qui est forte. Thomas Ramos, c’est Monsieur-tout-le-monde mais différent. Je pense qu’il y a aussi sa construction personnelle, ses racines avec ses grands-parents, qui le ramènent à la réalité. C’est aussi quelqu’un qui est passionné par ce sport et qui ne se donne pas un rôle. Je trouve que tous les Toulousains sont comme ça. Ils ont tous une image sur le terrain qui est différente de celle qu’ils ont dans la vie. Ils ont entre eux une espèce de soif de gagner, de concurrence permanente, de leadership, de rage d’y arriver. Et en dehors, c’est des gars plutôt simples.
Le documentaire ne met pas toute suite son histoire avec l’équipe de France au centre du récit, alors même que c’est la partie de sa carrière qui parle au plus grand nombre, pourquoi avoir ce choix ?
C’est un choix volontaire parce que ça intervient après dans sa construction personnelle. Il fallait déjà raconter les premières étapes. L’équipe de France, pour Thomas, au début, c’est une histoire de rendez-vous manqués, et ça, on revient dessus. L’anecdote du Mondial 2019 révèle pas mal de choses. Il se livre dans le documentaire. Tout ce qu’il explique sur Melvyn Jaminet (recruté par son club alors qu’il est titulaire à son poste en Bleu, NDLR), même s’il n’a évidemment aucun problème avec l’homme et le joueur, je ne l’avais jamais entendu le dire. Il raconte quand même qu’il a failli arrêter l’équipe de France ! Ce rapport à la concurrence, qu’on retrouve au Stade Toulousain, ça me semblait intéressant de l’évoquer. C’est aussi pour cela que j’ai fait le choix de faire parler Didier Lacroix alors que je ne fais pas intervenir les présidents de club habituellement.

