October 16, 2025

RÉCAP. Procès Jubillar : “Tout converge vers l’accusé”, 30 ans de prison requis contre un Cédric Jubillar crucifié par des avocats généraux impitoyables

l’essentiel
Une peine de trente ans de réclusion criminelle a été requise, ce mercredi 15 octobre, contre Cédric Jubillar, accusé d’avoir tué son épouse, en décembre 2020, à Cagnac-les-Mines. Les avocats généraux n’ont aucun doute sur la culpabilité de ce mari dont le comportement “violent” avec son fils a longuement été mis en avant, au cours de ces quatre semaines d’audience. Il nie toute implication dans cette affaire.

“Les faits sont abjects, non préparés et injustifiables, j’en suis convaincu”. Sans hésiter, l’avocat général, Pierre Aurignac requiert, ce mercredi 15 octobre, une peine lourde de 30 ans de réclusion criminelle à l’encontre de Cédric Jubillar, 38 ans, accusé du meurtre de son épouse Delphine Jubillar, (née Aussaguel). Il est un peu plus de 18h30 et la cour d’assises du Tarn, à Albi, se vide en silence. Les amies de Delphine essuient des larmes. Anne-Michelle, Chloé, les deux plus proches copines de l’infirmière disparue, se soutiennent par la main avant de quitter l’enceinte judiciaire.

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Durant plus de quatre heures, les deux représentants du ministère public, Nicolas Ruff, d’abord, puis Pierre Aurignac, déroulent l’implacable mécanique d’un raisonnement judiciaire, certes efficace, mais laissant indéniablement des zones d’ombre. “Nous savons qui, où et pourquoi, il nous manque le comment”, reconnaît Pierre Aurignac assurant que “seul Cédric Jubillar le sait”.

Face à ces affaires criminelles, sans corps ni aveux, le binôme s’est empressé d’évacuer les préjugés mettant en garde les jurés sur la difficulté de juger un tel dossier. “Tout n’est pas clair, il fait le reconnaître, insiste avec sincérité et humanité, Nicolas Ruff, descendu de son perchoir pour s’adresser, à hauteur d’hommes, au jury populaire. Je me suis posé des questions, comme vous allez le faire, ce n’est pas facile, mais au bout du chemin je n’ai aucun doute. Delphine Aussaguel est morte, elle a été tuée par Cédric Jubillar qui a détruit ses lunettes ce soir-là. Il a déverrouillé le téléphone de son épouse à 6h52. Il est coupable et j’assume la conséquence de ces mots”.

“Il faudrait tuer le chien et faire taire 19 témoins”

Avant le prononcé du verdict, Cédric Jubillar est donc crucifié. À l’image de ces quatre années d’instruction où le couperet médiatique est tombé sur sa tête quasiment toutes les semaines. Le scénario, déjà écrit, se décompose en plusieurs étapes.

“En admettant le principe de son innocence, toutes les conclusions nous ramènent à lui”, constate l’avocat général qui a acquis la certitude que Delphine Aussaguel n’est pas sortie de sa maison vivante, le soir du 15 décembre 2020, à Cagnac-les-Mines.

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Le chien pisteur ne détecte qu’un trajet d’habitude, en faisant une boucle complète. Un trajet sans rupture ce qui signifie que l’infirmière de 33 ans n’a pas été embarquée par un tiers cette nuit-là. Son téléphone n’a jamais quitté la zone du pavillon familiale, selon les expertises réseaux. Le croisement de ces données écarte déjà la piste du rôdeur.

Dans ce contexte, seul Cédric Jubillar peut être en possession du téléphone de son épouse, à 6h52, le 16 décembre pour le déverrouiller. Ces éléments entrent en résonance avec les lunettes de vue de l’infirmière retrouvées cassées dans la maison. Plusieurs témoins confirment que cet accessoire n’était pas aussi dégradé la veille. Il y a aussi la voiture qui a changé de sens de stationnement devant la maison. Une 207 qui aurait permis, à Cédric Jubillar, de transporter le corps de sa femme et de dissimuler. “Il n’y a qu’une seule clé, il est le seul à la détenir”.

“Sang froid, connaissance du terrain et chance”

“Pour que cet homme soit innocent, il faudrait ignorer quatre expertises, faire taire 19 témoins et tuer le chien pisteur”, résume l’avocat général Aurignac. En instance de divorce le couple Jubillar est au crépuscule de sa vie. Malgré les différentes tentatives pour reconquérir le cœur de sa femme, Cédric Jubillar est un homme aux abois et ruiné. Sa traque pour débusquer l’amant de sa femme le mène à une impasse. Les trois mois qui précèdent la disparition de Delphine Jubillar sont un long chemin de croix pour ce mari intrusif, violent et humiliant envers son fils, insultant envers cette épouse qui lui échappe. Il se raccroche à sa vingtaine de joints quotidiens et cet espoir de finir les travaux de sa maison avant de la revendre.

Mais ce 15 décembre, “Delphine est heureuse, son projet de vie commune avec son amant fait un bond en avant”, décrit Nicolas Ruff. L’avocat général va plus loin dans le scénario du drame mais s’avance prudemment. “Cédric Jubillar est venu dans le salon, pour n’importe quelle raison. C’est là que cela a commencé, pour se terminer à l’extérieur. Les voisines entendent des cris, même si leurs déclarations sont évolutives. Le drame, c’est que Delphine Aussaguel est sur le point de se faire tuer”.

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Où est le corps, pourquoi personne n’a rien vu ? La réponse est simple (trop simple ?) : “Faut-il être intelligent pour dissimuler un corps ? Non, il faut avoir du sang froid, connaître le terrain et avoir de la chance”.

Ce jeudi, parole à la défense. Verdict attendu, vendredi en milieu de journée.

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