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Le Nouvel Obs avec AFP
Le Capitole, siège du Congrès américain, à Washington, le 30 septembre 2025. MEHMET ESER/ZUMA/SIPA
Les Etats-Unis sont entrés ce mercredi 1ᵉʳ octobre en période de « shutdown », avec pour conséquence le gel d’une partie de l’administration fédérale, sans aucune solution en vue dans l’immédiat à l’impasse budgétaire au Congrès entre les républicains de Donald Trump et l’opposition démocrate.
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Plusieurs centaines de milliers de fonctionnaires vont être mis au chômage technique et de fortes perturbations sont attendues pour les usagers des services publics. Une situation très impopulaire aux Etats-Unis, inédite depuis sept ans, et pour laquelle chaque parti se rejette déjà la responsabilité.
« Pas une question d’orgueil »
Les démocrates « veulent tout fermer, nous ne le voulons pas », avait ainsi assuré Donald Trump mardi après-midi, avant d’adopter un ton à peine voilé de menace.
« Beaucoup de bonnes choses peuvent ressortir des “shutdowns”, on peut se débarrasser de beaucoup de choses dont nous ne voulons pas, et ce seraient des choses démocrates », avait déclaré le président américain.
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Une allusion à son intention de profiter du gel de certaines administrations pour accentuer le limogeage de milliers de fonctionnaires fédéraux, déjà entamé avec la commission « Doge » de son ex-allié Elon Musk.
De leur côté, les démocrates dénoncent le manque de volonté de négociation. « Ce n’est pas une question d’orgueil », a affirmé lors d’un point presse le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer. « C’est parce que les Américains souffrent de coûts plus élevés à travers le pays, que ce soit à cause des droits de douane, des coûts de l’énergie ou des coûts alimentaires », a-t-il ajouté, dénonçant des coûts de santé qui « grimpent en flèche ».
« Fermeture ordonnée »
Donald Trump n’est pas étranger aux « shutdowns » puisque le dernier remonte à son premier mandat, lorsque la paralysie s’était étalée de décembre 2018 à janvier 2019, pour un record de 35 jours.
« On ne sait pas combien de temps les démocrates maintiendront leur posture intenable, rendant la durée d’un “shutdown” compliquée à prédire », a affirmé le directeur du Bureau du Budget à la Maison-Blanche, Russell Vought, dans une lettre aux principaux responsables de services ministériels.
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Après l’échec d’un ultime vote au Sénat dans la soirée mardi, Russell Vought a donné la consigne aux administrations fédérales de « mettre en application leurs plans pour une fermeture ordonnée ».
Le Bureau budgétaire du Congrès estime qu’environ 750 000 fonctionnaires vont être mis quotidiennement au chômage technique. Le trafic aérien pourrait être affecté, tandis que le versement de certaines aides sociales devrait être fortement perturbé.
Les parcs nationaux seront également privés des rangers chargés d’en assurer le maintien, alors qu’approche la saison du changement de couleur des feuilles des arbres, un événement annuel qui charrie des millions de touristes aux Etats-Unis.
Au moins sept voix démocrates
Selon les calculs des analystes de la compagnie d’assurances Nationwide, chaque semaine de paralysie pourrait réduire la croissance annuelle du PIB américain de 0,2 point de pourcentage. Les Bourses mondiales n’ont cependant pas montré d’angoisse à l’approche de l’échéance, le Dow Jones à Wall Street ayant même atteint un nouveau record à la clôture mardi.
Les républicains sont majoritaires aux deux chambres du Congrès, mais le règlement du Sénat fait qu’un texte budgétaire doit être adopté à 60 voix sur 100, nécessitant donc au moins sept voix démocrates.
Pour le moment, les républicains proposent une extension du budget actuel jusqu’à fin novembre. De l’autre côté, les démocrates veulent obtenir le rétablissement de centaines de milliards de dollars de dépenses de santé – notamment dans le programme « Obamacare » pour les ménages des classes populaires – supprimées par l’administration Trump.
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En mars, alors que la menace d’un « shutdown » planait déjà, les républicains avaient refusé d’engager le dialogue sur les énormes coupes budgétaires décidées par l’administration Trump. Dix sénateurs démocrates, dont Chuck Schumer, avaient alors voté à contrecœur pour le texte des républicains, afin d’éviter la paralysie fédérale.
Leur choix avait provoqué de vifs remous dans le camp démocrate, de nombreux militants et sympathisants les accusant de plier face à Donald Trump et son programme jugé radical.