Le célèbre marché aux cèpes de Vaïssac (Tarn-et-Garonne) a rouvert ce jeudi 11 septembre après quatre ans d’absence. Plus de 400 kg de champignons locaux ont été proposés à la vente par 17 producteurs, attirant une centaine d’acheteurs venus parfois de loin.
Et puis, le son de la libération. Ce jeudi 11 septembre marquait le grand retour du célèbre marché aux cèpes de Vaïssac. Un monument endormi puisque depuis dix ans, il ne s’est tenu qu’en 2015 et 2021 : “On n’ouvre que si on a une quantité suffisante, prévient Lucile Gaillard, présidente de l’association intercantonale des propriétaires de bois*. La spécificité ici, c’est que les cèpes sont principalement de Vaïssac. On dit qu’ils ont le meilleur goût de France. Il brille par son authenticité : c’est vraiment du local et des beaux cèpes d’exception.”

Quelques minutes avant le coup d’envoi de la vente, sous la halle, les 17 vendeurs, obligatoirement propriétaires de parcelles boisées, accumulent les cagettes sur les tables : “On a ramassé 25 kg de cèpes ce matin”, livre Laurent, 58 ans. Depuis tout jeune, il ramasse des cèpes, sa grande passion : “En ce moment, ils poussent aux chênes. On a beaucoup de têtes noires, ce sont les meilleurs : ils se conservent mieux et ils ont plus de saveur”, glisse-t-il avec son accent.
430 kg à se partager
Comme le veut la tradition, c’est le son de la cloche qui donne le coup d’envoi du marché à 16 h. Une grosse centaine d’acheteurs affluent. Si on laisse traîner les oreilles, de drôles d’échanges se font entendre : “Monique, viens voir !” ; “Pourquoi eux sont à trente ?” ; “Ah, ils sont plus jolis et plus frais !”. Les amateurs de champignons examinent les moindres détails.

En ce premier jour, 430 kg étaient en vente pour des prix fluctuants entre 15 €/kg, pour les plus avancés, et 20 €/kg pour les plus fermes. Un prix qui ne décourage pas grand monde. Surtout pas Josian, premier à s’extirper de la masse après une poignée de minutes : “Je me suis fait un plaisir de venir ici ! J’ai trouvé de beaux cèpes qui ont l’air jeunes et délicieux, j’espère qu’ils seront bons ! Ils sont un peu chers certes, mais tant pis, depuis si longtemps qu’on n’en a pas mangé !” salive-t-il en pensant à sa future poêlée de cèpes à l’ail et au persil.

Les minutes s’égrènent et les affaires vont bon train. Un couple de Montpezat repart sourire aux lèvres, chacun avec sa cagette sous le bras : “On se fait surtout plaisir ! On recherche la qualité !” explique Jean-Claude. Marlène, elle, loue la fraîcheur des produits : “En supermarché, on ne sait pas par combien de mains ils sont passés. Là, le vendeur est allé les ramasser dans son bois et il les vend directement. Ils sont fermes au moins”, analyse-t-elle, toute heureuse de sa prise.
“Les gens viennent parfois de très loin”
Au cœur de la mêlée, Mathieu tient dans sa main l’attraction du jour : “C’est un champignon de 1 kg et 10 grammes qu’on a ramassé ce matin, raconte-t-il en tendant l’exemplaire. Je n’en avais jamais ramassé d’aussi gros. Il se voyait de très loin. Mais visiblement, ce n’est pas si simple de le vendre.”

Les minutes passent, le brouhaha se consume et les étals se vident. Une demi-heure après l’ouverture, le stand de Laurent s’est atrophié : “Il me reste 3 kg sur 25 ! Finalement, il y avait pas mal de monde”, se satisfait-il. Lucile Gaillard se réjouit de cette réussite : “Ce marché est ancestral et sa notoriété est immense puisque les gens viennent parfois de très loin.”

La durée de ce marché, aux caractéristiques uniques, dépend de la cueillette des champignons : si le temps permet une récolte pérenne, il pourrait se tenir durant une semaine, pour le plus grand plaisir des épicuriens.