Donald Trump prévoit d’assister à l’Assemblée générale de septembre, où il prononcera l’un des premiers discours. BRENDAN SMIALOWSKI / AFP
Les Etats-Unis ont annoncé vendredi refuser l’octroi de visas à des membres de l’Autorité palestinienne avant l’Assemblée générale de l’ONU prévue en septembre, où la France plaidera pour la reconnaissance d’un Etat palestinien.
La diplomatie américaine avait annoncé vendredi soir que son « secrétaire d’État Marco Rubio révoqu(ait) et refus(ait) l’octroi de visas pour les membres de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) et de l’Autorité palestinienne (AP) ». Ce responsable a précisé samedi que Mahmoud « Abbas était concerné par cette mesure ainsi qu’environ 80 autres responsables de l’AP ».
« Avant de pouvoir être prises au sérieux en tant que partenaires pour la paix, l’AP et l’OLP doivent répudier le terrorisme, les campagnes de guérilla judiciaire devant la CPI (Cour pénale internationale) et la CIJ (Cour internationale de justice), ainsi que la quête de la reconnaissance unilatérale de l’Etat » palestinien, a précisé dans un communiqué le porte-parole adjoint du département d’Etat, Tommy Pigott.
En revanche, il a déclaré que la « mission de l’AP aux Nations unies » à New York, dont le chef est l’ambassadeur palestinien Riyad Mansour « recevrait des exemptions [de visas] en vertu d’un accord entre l’ONU » et le département d’Etat qui permet aux responsables palestiniens de la mission de continuer de travailler dans la plus grande ville des Etats-Unis.
Cette mesure extraordinaire rapproche encore plus l’administration Trump du gouvernement israélien, qui rejette catégoriquement l’idée d’un État palestinien et cherche à mettre sur le même pied l’Autorité palestinienne, basée en Cisjordanie, et le Hamas à Gaza. Gideon Saar, le ministre israélien des Affaires étrangères, a remercié l’administration Trump sur X pour « cette étape courageuse » et pour « soutenir Israël une nouvelle fois ».
A lire aussi
Enquête
« Il a la même vision clanique et utilitaire que son beau-père » : les bonnes affaires de Jared Kushner, gendre de Trump, au Proche-Orient
L’Autorité palestinienne dénonce une décision « en contradiction avec le droit international »
L’Autorité palestinienne a en retour exprimé « son profond regret et son étonnement » face à cette décision qui est « en contradiction avec le droit international », et a appelé Washington à « revenir » dessus.
Les États-Unis ne sont pas censés refuser des visas aux fonctionnaires se rendant à l’ONU, dont le siège est à New York, en vertu d’un accord que le département d’Etat assure respecter en autorisant la mission palestinienne auprès des Nations unies.
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, devait participer à la 80e Assemblée générale de l’ONU, qui se tiendra du 9 au 23 septembre, selon Riyad Mansour, ambassadeur palestinien auprès des Nations Unies.
Fin juillet, Emmanuel Macron a annoncé que la France allait reconnaître l’Etat de Palestine à l’Assemblée générale de l’ONU. Dans la foulée, plus d’une dizaine de pays occidentaux ont appelé d’autres pays du monde à faire de même.
A lire aussi
Entretien
Reconnaissance de la Palestine : « C’est un signal fort qui sanctuarise la solution à deux États, mais fera-t-elle avancer la cause de la paix ? »
En 1988, Yasser Arafat, chef de l’Organisation de libération de la Palestine, avait prononcé un discours lors d’une session spéciale de l’Assemblée générale réunie à Genève plutôt que New York, après un refus des Etats-Unis de le laisser rentrer sur leur territoire. Plus récemment, en 2013, les États-Unis avaient refusé un visa à Omar el-Béchir, alors président du Soudan, qui faisait l’objet d’un mandat d’arrêt de la CPI pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide dans le conflit du Darfour. Benjamin Netanyahu, le Premier ministre israélien, fait aussi l’objet d’un mandat d’arrêt émis par la CPI.
L’ONU « ne saurait souffrir d’aucune restriction d’accès », selon la France
Le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a déclaré qu’il était « important » que tous les États et les observateurs permanents, y compris les Palestiniens, soient représentés lors d’un sommet prévu la veille du début de l’Assemblée générale. « Nous espérons évidemment que cela sera résolu ».
« Nous demandons tous instamment que cette décision soit reconsidérée, compte tenu du droit international », a déclaré de son côté la cheffe de la diplomatie de l’UE Kaja Kallas, qui s’exprimait à Copenhague après une réunion des ministres des Affaires étrangères des 27.
Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot a également dénoncé samedi le refus par les Etats-Unis de l’octroi de visas à des responsables palestiniens pour venir à New York. « Le siège des Nations Unies est un lieu de neutralité. C’est un sanctuaire, au service de la paix. Une Assemblée générale des Nations Unies ne saurait souffrir d’aucune restriction d’accès », a-t-il déclaré à Copenhague, peu avant une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE.
A lire aussi
Récap
Trois questions après l’approbation par Israël d’un plan majeur de colonisation en Cisjordanie occupée
Un geste également dénoncé par Xavier Bettel, ministre luxembourgeois des Affaires étrangères. « On ne peut pas nous prendre en otage », a-t-il lancé, suggérant d’organiser à Genève une session spéciale de l’AG de l’ONU pour s’assurer de la présence des Palestiniens. « On doit pouvoir discuter ensemble, on ne peut pas tout simplement dire qu’on exclut la Palestine du dialogue », a affirmé M. Bettel devant la presse à Copenhague.
Donald Trump prévoit d’assister à l’Assemblée générale de septembre, où il prononcera l’un des premiers discours. Son administration a nettement limité les relations avec les Nations unies et d’autres organisations internationales.