December 10, 2025

Face aux épizooties, l’ONU promeut vaccination et surveillance

l’essentiel
Alors que les maladies animales se multiplient et fragilisent à la fois les élevages, la biodiversité et la santé humaine, l’OMSA plaide pour faire de la vaccination un levier central de prévention. Une stratégie structurée, fondée sur la science, qui vise autant à stabiliser les filières qu’à contenir la résistance aux antimicrobiens.

Alors que les épizooties se succèdent et redessinent les équilibres sanitaires mondiaux, l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) rappelle dans son dernier rapport, que la vaccination n’est plus une option mais qu’elle est devenue l’un des leviers les plus décisifs pour protéger les élevages, sécuriser le commerce et prévenir les crises écologiques. Ce choix stratégique découle d’un constat simple : les maladies animales, désormais amplifiées par les mobilités, le changement climatique et la pression sur les écosystèmes, ne se contrôlent plus par les seules mesures de biosécurité.

La France citée en exemple

L’exemple français, cité dans le rapport, illustre cette inflexion. Confrontée à des vagues répétées de grippe aviaire à haute pathogénicité, la France est devenue en 2023 le premier pays de l’Union européenne à déployer une campagne nationale de vaccination systématique des canards, maillon clé de la diffusion virale. Cette décision, longuement préparée avec la filière, les vétérinaires – et notamment l’école vétérinaire de Toulouse – et les partenaires commerciaux, a marqué un tournant : la vaccination, adossée à une surveillance rigoureuse, a permis d’endiguer les foyers et de réduire le recours aux abattages massifs. Elle a surtout démontré qu’une politique vaccinale cohérente peut stabiliser une filière entière et rassurer les partenaires internationaux sur la sécurité des échanges. L’OMSA encourage explicitement cette voie, considérant la vaccination comme un complément indispensable aux mesures classiques de contrôle.

« La France a été pionnière sur cette question [de la vaccination], et notre rôle maintenant est de soutenir cette évolution à l’échelle mondiale, en partageant notre expérience et en continuant à faire évoluer les pratiques », explique le Dr Marie-Christine Le Gal, déléguée de l’OMSA pour la France.

Concept « une seule santé »

Mais l’enjeu de la vaccination dépasse la seule gestion des crises. En, effet, en réduisant les infections, elle diminue l’usage des antibiotiques et contribue ainsi à la lutte contre la résistance aux antimicrobiens, menace silencieuse qui fragilise autant la médecine vétérinaire que la santé humaine. Pour l’OMSA, cette articulation – prévenir pour éviter de traiter – constitue l’un des pivots d’une stratégie sanitaire durable.

L’organisation insiste également sur un autre fondement : l’importance de la donnée. À travers ses plateformes WAHIS et ANIMUSE, elle structure un espace mondial de suivi des maladies et de l’usage des antimicrobiens. Ces données, partagées et normalisées, permettent de détecter plus tôt, d’anticiper les mutations et d’adapter les politiques vaccinales. Elles offrent aussi aux États une base objective pour évaluer leurs capacités vétérinaires, cibler les investissements et répondre plus vite aux signaux faibles.

Cette approche s’inscrit dans une vision plus large : « Une seule santé » (One Health), principe qui relie la santé animale, humaine et environnementale. La multiplication des foyers de grippe aviaire chez les mammifères, les pertes massives d’oiseaux sauvages ou la circulation accrue de pathogènes dans des écosystèmes déstabilisés rappellent que les frontières entre espèces s’effacent. Prévenir chez l’animal, c’est aussi éviter les transmissions croisées et limiter les risques de crises zoonotiques. « La santé animale est aussi notre santé. C’est la santé de tous », rappelle justement le Dr Emmanuelle Soubeyran, directrice générale de l’OMSA.

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