La molice menait des investigation sur les lieux du « sabotage » dénoncé par les autorités près de Mika en Pologne, le 17 novembre 2025. ALEKSANDER KALKA / NURPHOTO VIA AFP
Varsovie a dénoncé ce lundi 17 novembre un « acte de sabotage sans précédent », après la destruction à l’explosif dans le centre de la Pologne d’une portion de voie ferrée sur une ligne cruciale pour le transport de passagers, d’armes et de marchandises vers l’Ukraine. On fait le point.
• Un sabotage qui « visait probablement à faire dérailler le train », selon Donald Tusk
L’incident s’est produit au milieu de champs agricoles et de bois non loin du village de Mika, à 100 km au sud-est de Varsovie. Une portion de voie a été endommagée par des explosifs.
Le Premier ministre polonais Donald Tusk a affirmé sur X que l’atteinte à cette portion de voie « visait probablement à faire dérailler un train », ce qui a pu être évité grâce à la vigilance d’un conducteur qui a repéré les dommages et donné l’alarme. Personne n’a été blessé.
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Le ministre de l’Intérieur, Maciej Kierwinski, a précisé à la presse que l’explosion avait été déclenchée via un câble dont un fragment a été retrouvé sur place.
Le train immobilisé sur la voie détériorée a pu repartir dans l’après-midi.
• La justice soupçonne « un service de renseignement étranger »
Le parquet polonais a annoncé lundi que les enquêteurs soupçonnaient un sabotage de cette voie ferrée, essentielle au ravitaillement de l’Ukraine ravagée par la guerre, d’avoir été perpétré « pour le compte d’un service de renseignement étranger ».
Le parquet a ouvert une enquête pour « sabotage à caractère terroriste », selon un communiqué publié au lendemain de la découverte des dégâts sur cette voie ferrée transportant des approvisionnements vers l’Ukraine, qui lutte contre l’invasion russe.
• Une voie « d’une importance cruciale pour acheminer l’aide vers l’Ukraine »
« Faire exploser une voie ferrée […] est un acte de sabotage sans précédent visant la sécurité de l’État polonais et de ses citoyens », a écrit le Premier ministre polonais Donald Tusk sur X, après s’être rendu lundi sur le lieu de l’incident.
Utilisée quotidiennement par 115 trains différents, « cette voie est aussi d’une importance cruciale pour acheminer l’aide vers l’Ukraine », a-t-il ajouté.
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Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, la Pologne, membre de l’Otan et de l’UE, est devenue la principale plaque tournante de l’aide militaire et humanitaire à son voisin ukrainien.
« Nous attraperons les coupables, quel que soit leur commanditaire », a promis Donald Tusk.
• « Attaque hybride »
Le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte a déclaré lundi à Bruxelles que l’Alliance restait « en contact étroit avec les autorités polonaises » sur ce sujet, en attendant les résultats d’une enquête, lancée immédiatement par les services polonais.
De son côté, le chef de la diplomatie ukrainienne, Andriï Sybiga, a exprimé sa « solidarité avec la Pologne amie » et promis l’aide ukrainienne à l’enquête en cours « si nécessaire ».
Selon lui, il pourrait s’agir d’une « autre attaque hybride de la Russie – pour tester les réactions » de la Pologne et de ses alliés.
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De son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a souligné que les menaces pour la sécurité en Europe étaient « réelles et croissantes ». « L’Europe doit d’urgence renforcer sa capacité à protéger nos cieux et nos infrastructures », a-t-elle insisté sur le réseau X.
Donald Tusk a convoqué pour mardi un Comité de sécurité nationale avec des représentants notamment de l’armée, de la police et des services spéciaux.
• La Pologne accuse la Russie de plusieurs tentatives de sabotages
Le ministre polonais de l’Intérieur a évoqué deux autres incidents signalés depuis sur la même ligne ferroviaire, sujette désormais à des vérifications. Selon Maciej Kierwinski, un caténaire a été endommagé sur quelques dizaines de mètres à proximité de la ville de Pulawy, ce qui a provoqué l’immobilisation d’un train, et quelques centaines de mètres plus loin, « un collier » a été posé sur un des rails, mais sans provoquer d’accident.
Depuis 2022, la Pologne dit être la cible de tentatives de sabotage orchestrées, selon elle, par la Russie, des accusations régulièrement rejetées par Moscou.
En représailles, la Pologne a imposé des restrictions aux déplacements de diplomates russes sur son sol, ordonné la fermeture de deux consulats russes, à Poznan (ouest) et à Cracovie (sud), et interpellé 55 personnes au total, soupçonnées d’agir pour le compte de Moscou.

