Le procès pour violences conjugales du rugbyman professionnel George Tilsley s’est tenu hier soir à Auch. Deux anciennes compagnes l’accusent de coups, d’étranglements et d’humiliations. Le tribunal rendra sa décision le 4 décembre 2025.
Le rugbyman professionnel George Tilsley, ancien joueur du SU Agen et du Stade Toulousain, comparaissait ce jeudi 6 novembre 2025 pour violences conjugales.
En août 2023, le sportif avait déjà été condamné à 6 mois de prison avec sursis pour violences sur sa concubine en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité, un “plaider coupable” qui permet d’aller plus vite et d’alléger la peine encourue.
Deux ans après sa première condamnation, le rugbyman comparaissait à nouveau, ce jeudi 6 novembre 2025, devant le tribunal d’Auch, après deux reports d’audience, les 10 septembre 2024 et 3 avril 2025. Le Néo-Zélandais, qui aujourd’hui évolue à Soyaux-Angoulême (Pro D2), devait répondre aux accusations de violences conjugales que portent contre lui, à nouveau, deux autres anciennes compagnes.
Excès d’alcool
Les faits sont extrêmement graves. C’est après le dépôt de plainte de la 1re victime que l’affaire prend forme. Celle-ci, après de longues hésitations, le président évoque même d’anciennes pressions qu’elle aurait subies pour se taire, a finalement choisi de saisir la justice.
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“Après mûre réflexion, je dépose plainte pour tout ce qu’il m’a fait subir… même si cela me terrorise. Je suis une petite gens par rapport à lui. Il va me salir, je le sais”, déclare-t-elle le jour de son audition.
Le président du tribunal fait état de nombreux témoignages au cours de la relation que la victime a vécue avec George Tilsley. Ces personnes interrogées indiquent que le rugbyman “boit beaucoup”, qu’il peut avoir “l’alcool mauvais”, qu’il “peut être violent”.
Un témoignage particulier retient l’attention du tribunal : celui d’une femme qui raconte cette nuit où la compagne du joueur pro s’est présentée chez elle “le chemisier déchiré et ensanglantée”.
Il est question au cours de cette relation de violences physiques et psychologiques : des coups, des étranglements, des demandes insistantes de relations sexuelles dès que le colosse est ivre.
Suite à cette plainte, une autre compagne et mère de l’enfant du rugbyman est convoquée comme témoin par les enquêteurs. Elle est entendue dans la matinée du 11 mars 2024. Après avoir répondu aux questions, elle décide de revenir quelques heures plus tard et dépose plainte à son tour.
Elle décrit cette fois un homme “mi-ange, mi-démon”. Adorable, charmant, mais aussi violent quand il a bu, jaloux. Elle évoque une trentaine d’épisodes de violences physiques. Elle raconte la “fois où elle a cru mourir”, un soir où il l’aurait étranglée et percutée avec la voiture alors qu’elle est enceinte de 3 mois.
Infidèle
George Tilsley écoute la longue énumération des accusations faites par le président, impassible. La présence d’une interprète à ses côtés étire considérablement l’audience. Quand vient son tour de prendre la parole, il nie sans équivoque toute violence physique.
“Je n’étais pas fidèle dans mes relations. Je comprends la douleur que j’ai causée à ces deux femmes du fait de ces infidélités.”
“Vos infidélités ne vous sont pas reprochées, ce n’est pas un délit. Ce que l’on vous reproche, ce sont les violences”, insiste le président, qui évoque une centaine de conquêtes pendant ses années de relation avec les deux plaignantes.
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“J’étais infidèle, donc il y avait des disputes, des désaccords, mais pas au point de violences physiques. Il y a eu des échanges agressifs, des insultes, mais rien de plus”, répond posément le rugbyman.
Et ce soir-là, au QG, une boîte agenaise, où ses coéquipiers ont dû intervenir alors qu’il soulève et étrangle sa compagne ? Il n’en a pas souvenir.
Les victimes prennent rapidement à leur tour la parole. “Je suis fière d’être ici ce soir. On ne nous a jamais écoutées, on nous a toujours claqué la porte au nez. George, j’en étais folle amoureuse. Mais d’entendre ce mépris aujourd’hui, c’est insupportable. Est-ce que c’est normal ce que l’on a subi ? Vous ne vous rendez pas compte. On ferme la porte de chez soi et on se retrouve enfermé avec un monstre”, témoigne, tremblante et au bord des larmes, la première partie civile.
“On a un fils ensemble et j’avais espoir qu’il dise la vérité”, dit avec pudeur la seconde.
Après quatre heures d’audience et avant les plaidoiries et réquisitions, George Tilsley répète ses excuses. “J’espère qu’elles me pardonneront.”
“Mais pardonner quoi ?”, tente une dernière fois le magistrat. En vain.
“Il est 23 heures, et malgré l’heure tardive, je vais revenir sur les faits puisque rien n’est reconnu”, commence la procureure. Elle parle des coups, des insultes, des douches froides ou gelées, des séquestrations, des humiliations, etc. La liste des témoins et des épisodes de violence qu’elle cite est longue.
Compte tenu “de la gravité des faits, de leur répétition sur deux victimes et de la dimension d’humiliation qui s’en dégage”, la procureure demande la plus grande fermeté. Elle réclame deux ans de prison dont un an avec sursis probatoire.
Accusations balayées par Me Victor Casellas à la défense. “Il n’y a pas le moindre témoin de la moindre violence dans ce dossier, uniquement des gens qui vous répètent ce que les plaignantes leur ont dit. Et le parquet considère cela comme des témoignages corroborés ?”, s’étonne-t-il avec véhémence. “On fait une confiance aveugle à tous ces récits, mais il n’y a pas un seul certificat médical, une simple photo, un vrai témoin direct”.
Et de conclure : “N’allez pas piétiner la présomption d’innocence parce qu’il faut protéger les victimes. Vous n’êtes pas là pour faire plaisir aux parties civiles. Je vous demande au nom du droit, de la nuance et de votre serment de relaxer M. Tilsley”.
Il est minuit, le tribunal décide de mettre sa décision en délibéré au 4 décembre 2025.

